Un an après la sortie de son mini album, le girls band le plus anticonformiste de Corée du Sud revient avec son premier album sous le bras !
Un an après avoir mis la Corée du Sud sens dessus dessous avec leurs tubes Fire et I Don't Care, les 2NE1 reviennent transformées. Oubliez les jeans usés et les casquettes mal mises, le quatuor le plus indomptable du moment se veut maintenant plus raffiné, plus adulte et propose des sonorités bien loin de celles qui ont fait leurs succès. Le pari est-il réussi ?
L'originalité de cet opus, c'est qu'il ne contient pas une, ni deux, mais trois chansons-titre. Une nouvelle fois, les 2NE1 prouvent leur singularité et leur souhait de se démarquer. C'est ainsi que la première, Can't Nobody, annonce le nouveau style du groupe : condensé déjanté de différentes de sonorités... et même trop. Les différentes mélodies qui s'entrecroisent finissent surtout par s'emmêler. Le rendu est brouillon et musicalement incompréhensible. Electro à souhait, autotunée à l'extrême, on termine la dernière note de Can't Nobody la tête littéralement retournée.
Heureusement, la seconde piste et seconde chanson-titre, Go Away, est beaucoup plus apaisante. La musique est cependant très "clubbesque" et nous conforte dans l'idée que les 2NE1 ont préféré miser sur des musiques qui feront danser les sud-coréens. Go Away reste malgré tout très abordable, rythmée sans en faire trop, même si l'on déplore les voix toujours robotisées de ses chanteuses. Le morceau aurait certainement été plus sincère sans l'artifice que constitue l'autotune.
Baksu Chyeo est la troisième et dernière chanson-titre de l'album. On retrouve un son très agressif et très américanisé, qui se rapproche plus ou moins du premier single du girls band, Fire. L'influence des 2NE1 vient, à n'en plus douter, des États-Unis. Malheureusement, ces dernières n'en gardent que les mauvais côtés, et échouent à faire de Baksu Chyeo un titre vraiment accrocheur. Elle est sans réelle profondeur, et surtout sans âme.
La quatrième piste reste dans la lignée des précédentes et conserve leurs sonorités électro. Plutôt efficace, la chanson remplit aisément sa part du contrat et trouve ainsi une place légitime dans l'album. Sans être un tube en puissance, Nan Bappa Jaksa possède tous les attraits d'une chanson typiquement dance.
Après une série de morceaux plutôt lourds, Apa (Slow) nous permet enfin d'entendre les voix des 2NE1 au naturel ! Cette ballade est de loin la plus belle et la plus authentique de l'album. Simple et sans prétention, on redécouvre une facette plus simple du quatuor, largement dominée par les splendides voix de CL et Bom. C'est ce genre de chansons qui manque horriblement à cet opus. Pourquoi se cachent-elles donc derrière ces effets sonores et ce brouhaha musical lorsque leur talent sait faire le reste ?
Le ton reste tendre avec Sarangeun Ayaya, une ballade au tempo médium, terriblement accrocheuse. On renoue avec le savant mélange de chant et de rap rythmé par une mélodie douce, que l'on avait découvert dans In The Club et Stay Together, extraits du premier mini album des 2NE1. C'est d'ailleurs la seule et unique piste qui nous rappellera vaguement l'ancien style du groupe, et qui nous empêche définitivement de faire notre deuil.
La seconde partie de l'opus est constituée de titre déjà connus du public, sortis en singles digitaux en 2009 pour la plupart. Et c'est certainement ces chansons qui sont les plus efficaces et que l'on retiendra de cet album. Le solo de Bom, You And I, comblera les amateurs de chansons d'amour puissantes et expressives. C'est véritablement dans ce répertoire que la plus âgée des 2NE1 brille le plus, loin de l'univers agressif et tapageur du quatuor.
Please Don't Go est le duo entre deux fortes personnalités, CL et Minzy, et réunit le hip-hop et la pop dans un seul morceau. Plutôt réussi, il a fait ses preuves dans les charts en s'emparant de la première place dès sa sortie. Kiss, neuvième piste, aborde une musique plus pop/dance. Si l'on entend peu Dara dans les chansons de groupe, ce solo lui permet de prouver qu'elle aussi a sa place dans les 2NE1. Bien que sa voix soit une nouvelle fois retouchée, le plaisir éprouvé n'est pas affecté. Certes un peu répétitive, Kiss apporte une diversité non négligeable à l'album.
Dans cette étreinte de fraîcheur, Nar Ttara Haebwayo vient freiner notre enthousiasme. Enième chanson autotunée, cette piste annonçait déjà, à sa sortie au début de l'année, la reconversion électro des 2NE1. Elle saura contenter les amateurs du genre, tandis qu'elle lassera davantage les plus réticents, par son côté répétitif et anti-original. Enfin, le Raggae Mix d'I Don't Care vient, comme un cheveu sur la soupe, amener sa dernière touche d'authenticité à l'album. On redécouvre le plus gros succès du girls band, I Don't Care, totalement revisité. Mais ce changement d'air est de courte durée, puisqu'à part la version anglaise de Can't Nobody, c'est ici que s'achève le premier album des 2NE1.
Après une première écoute, c'est une série de questions qui remplit nos têtes. Où sont passées les 2NE1 des débuts ? Cet album s'impose officiellement comme une évolution, mais c'est plutôt un pas en arrière que l'on ressent. Si le girls band a le mérite d'avoir voulu se renouveler, c'est dans des sonorités déjà trop entendues qu'il est allé puiser. Le lancement annoncé des 2NE1 aux États-Unis semble avoir déclenché cette perte d'identité : par exemple, pourquoi ce besoin incompréhensible d'offrir une version anglaise de Can't Nobody, si ce n'est pour tenter d'approcher le public américain ? Le contraste de l'utilisation abusive d'autotune sur certains morceaux comme Nan Bappa Jaksa avec les chansons plus modestes telles que Apa (Slow) prouvent une nouvelle fois que le talent et les ressources des 2NE1 restent trop mises à l'écart et sous-exploitées. Au final, To Anyone faillit à son titre ambitieux et constitue un album qui est loin de s'adresser à tout le monde, rempli de chansons insipides qui n'auront du sens que dans les boîtes de nuit branchées de Séoul.