Après le quinzième impact de Japan Expo, le rendez-vous des accros de la culture musicale japonaise était donné à l'Olympia ce dimanche soir. Au programme, trois groupes dans l'air du rock et du metal que la France n'attendait pas sur ses terres :
Sadie,
SuG et
DEAD END. Malheureusement, malgré le côté "once in a lifetime" de l'évènement, la salle était bien loin d'être bondée. Rendez-vous intimiste s'il en est avec ses 1500 places, l'Olympia donnait d'autant plus l'impression de participer à un concert exclusif. Mais le public chaud comme la braise a su transmettre aux artistes son plaisir d'être présent ce soir-là !
La soirée commence donc, avec la précision d'un coucou suisse, à dix-huit heures pile avec l'entrée sur scène de
Sadie, accueilli par les hurlements du public.
Rosario introduit la performance du groupe avec un fan service impressionnant, la gent féminine en première ligne. Gros riffs brutaux, voix à demi-effacée en couplets, puis déchaînement soudain avec passage en growl, ce classique de la formation laisse son empreinte avec la lourdeur du pas d'un éléphant grimé de noir, la voix claire rajoutant ce côté rock alternatif plus doux même dans la chaleur de l'Olympia. Les musiciens enchaînent sur un éclairage écarlate avec
Cry more, où l'énergie de
Mao le guidera à quatre pattes sur le haut-parleur de retour son dans un headbang passionné. Au moment de lancer le troisième morceau, le groupe joue un peu avec le public.
Mao entonne un "Salut" qui réveille le bulldozer derrière les barrières, et lui fait répéter le nom du groupe. Le moteur n'en demandait pas plus pour se mettre en marche, le diesel d'amour déferlant rebondit sur les parois avant d'atteindre sa cible désignée en plein cœur. "On va mettre le feu !" crie le chanteur à pleins poumons et à plusieurs reprises. Sur ces derniers mots démarre
Dress, encore un autre classique puisque déjà vieux de quatre ans. Viennent ensuite
Kagerou, dont chacune des notes de guitare se fait sentir dans cette salle à l'acoustique exceptionnelle, puis
Meteor, qui met en avant un côté plus bigarré de la musique de
Sadie, entre voix claire tantôt chantée, parlée, ou en growl pour les instrumentistes au micro. Animal.
Griefing the Dead Soul ne fait qu'affirmer ce caractère, puis le groupe boucle sa performance sur
Meisai, issu de son tout premier album, au refrain sonnant comme un au revoir. Au bout de ces quarante minutes, la voix enregistrée de l'Olympia nous offre gracieusement vingt minutes d'entracte avant de présenter la formation suivante.
Ou pas exactement, car lors des balances, le public se réveille soudainement de la léthargie dans laquelle l'avait laissé l'annonce qui précédait : sous les hurlements encore à 95% féminins,
yuji, dans une pénombre bien diffusée, vient accorder sa guitare sur scène, ne laissant entrevoir sous le feu des projecteurs que son attirail blanc, avant de repartir, satisfait du résultat. Poseur. La formation s'avance à dix-neuf heures pile et entame son set qui sans surprise, contiendra sept morceaux.
Takeru lance l'offensive en scandant "Jump! Jump! Jump!" sur l'énergique
gr8 story. Le set qui suit, beaucoup moins metal, ne laissera pourtant pas le public de marbre et ne fait que confirmer l'amour qu'il porte à
SuG, sur un solo de guitare très surfin' USA dans
sweeToxic, étouffant la voix du chanteur tout soudainement, à cause d'un problème technique qui ne laisse plus entendre que la piste voix en playback. Fry de
Futurama se serait très certainement exprimé en ces mots : "Not sure if bad voice or no voice at all" (or both). La chanson suivante,
LOVE SCREAM PARTY, répare cette erreur, avec comme dans la version studio, parfait pour le live, un petit passage rythmique en bridge de slap bass avec la batterie. La salle enchaîne sur un dernier refrain scandé par la foule en délire. Le groupe prend ensuite quelques minutes pour s'exprimer face au public et parler en français,
Masato nous confiant alors qu'il est content d'être ici, et que "La France est belle... comme moi !". Ces paroles au potentiel de facepalm plus qu'explicite introduisent leur nouveau single,
B.A.B.Y.. Sans transition,
☆Gimme×Gimme☆ prend la suite avec un éclairage rouge/rose qui rappelle l'ambiance sucrée du PV, les "Gimme Gimme" du refrain soulevant le public avec une efficacité sans pareille. Le set du groupe prend fin sur
R.P.G. ~ Rockin' Playing Game et, annoncé trois fois par
Takeru comme la "Dernière chanson", sur
39GalaxyZ, histoire de finir leur passage à cette Japan Music Fest avec un morceau festif et sur un refrain chanté d'une seule voix par le public. De nouveau, l'Olympia nous avertit de vingt minutes d'entracte.
Et c'est toujours au toc précis de l'horloge que le dernier groupe fait son entrée, et pas des moindres.
DEAD END, fort d'une carrière s'étalant sur bientôt trente ans, fait son entrée sur la scène mythique de l'Olympia. L'arrivée de
MORRIE est saluée par un tonnerre hurlant, et pour la première fois depuis le début du concert, par des voix masculines rauques, enfin on est metaaaaaal ! Bièèèère ! La formation, peu nombreuse en comparaison avec les deux qui l'ont précédée, n'a pourtant pas à pâlir en regard de la qualité du son qu'elle envoie.
Suishoujuu lance la machine, comme elle lançait deux ans auparavant son dernier album
Dream Demon Analyzer. Si la voix de
MORRIE a bien changé depuis ses débuts plutôt heavy, elle impressionne tout de même dès la première note. Loin du carcan visual abordé en studio depuis le retour du groupe sur disque, elle enveloppe la salle tout entière. Pas de fard, pas d'artifice, le public ne s'y trompe pas, malgré la présence évidente de playback ou de boucle synthétique pour la guitare rythmique, à chaque fois que
You exécute un solo millimétré sur son feeling mineur si particulier.
SSS vient ensuite confirmer que
MORRIE possède encore une étendue vocale particulière, et pousse dans les aigus en forçant moins au diaphragme, comme à ses débuts. Il a depuis longtemps tombé sa veste encombrante quand résonne
Calamity, qui renvoie directement au passé du groupe avec sa guitare arpégée et son côté sombre. Si
CRAZY COOL JOE paraît jusqu'ici musicalement en retrait, c'est désormais terminé, le bassiste aux goûts vestimentaires dignes de
Pata va trifouiller les potards de son ampli afin de faire vrombir son instrument sur
Matenrou game, qui ouvrait l'album de retour de la formation en 2009,
Metamorphosis. Go
Joe, go ! Les soli de
You depuis le début du set viennent complètement bousculer l'ambiance qui précédait, peu fournie en l'état, et la longue composition du guitariste en bridge déchaîne le public venu les applaudir.
Angel suit, avec son intro de guitare reconnaissable entre mille, précédant un autre morceau identifiable à la première écoute : la tant attendue
Seraphine, saluée par le public et par votre hôte, un grand classique de la formation. "Are you ready to rock ? Are you ready to die ?" demande
MORRIE à la foule amassée devant lui, après avoir entonné la dernière note du classique. "We have a couple more songs for you", ajoute-t-il lorsque le batteur de session frappe sa charleston pour envoyer
Seiren, chanson pendant laquelle le chanteur tente de battre le record mondial de lancer de bouteille vide... qui atterrit mollement à ses pieds. Fail. "Blackout, Blackout ! Blackout, Blackout !" Pas d'erreur possible, la fin du set est toujours dédiée aux derniers albums de
DEAD END.
Blackout et
Devil sleep viennent terminer cette soirée parfaite. Ou peut-être pas, car le groupe vient jouer en rappel une dernière chanson,
Conception. "Merci beaucoup !" entonne
MORRIE, heureux, "We are honored to play here in France for the first time !", et n'hésite pas à annoncer qu'ils reviendront avec plaisir. Un plaisir partagé ! À la fin du set est annoncé le Meet & Greet, mais l'heure de partir a sonné pour
JaME. Avec encore des étoiles plein les yeux.
Difficile d'être déçu par ce premier Japan Music Fest, tant les trois univers présentés amenaient quelque chose de foncièrement différent. Entre l'ambiance attenante à
Dir en Grey proposée par
Sadie, le candy rock de
SuG et le heavy plus traditionnel de
DEAD END, il y avait à boire et à manger pour tout le monde. La salle mythique et les possesseurs du ticket VIP Meet & Greet s'en rappelleront pendant encore très, très longtemps. Si les premiers intervenants n'ont joué que quarante minutes, les tauliers de
DEAD END ont chatouillé de peu l'heure complète ! On peut toutefois espérer avec certitude que ces trois formations reviendront en solo, en souhaitant qu'elles opteront chacune pour un jour un peu moins problématique pour leurs fans, dernier jour de Japan Expo et dimanche soir obligent.
Setlist :
Sadie :
1. Rosario
2. Cry More
3. Dress
4. Kagerou
5. METEOR
6. Grieving The Dead Soul
7. Meisai
SuG :
1. gr8 story
2. sweeToxic
3. LOVE SCREAM PARTY
4. B.A.B.Y.
5. ☆Gimme×Gimme☆
6. R.P.G. ~ Rockin' Playing Game
7. 39GalaxyZ
DEAD END :
1. Suishoju
2. SSS
3. CALAMITY
4. Matenrou Game
5. Angel
6. Serafine
7. Seiren
8. Blackout
9. Devil Sleep
Encore :
10. Conception
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