Live Report Exclusif

GLAY DEMOCRACY 25TH “HOTEL GLAY GRAND FINALE”

09/03/2021 Auteur : Lucy C.H. Traducteur : JBH Correcteur : Lucy C.H., Aude

Le 20 décembre, le groupe légendaire d'Hokkaido a régalé ses fans d'un spectacle rock enjôleur et plein d'énergie.

Il est presque 15 heures. Le soleil menace de se coucher tôt, comme c'est toujours le cas à cette époque de l'année en Extrême-Orient. Dans la banlieue de Tokyo, devant la Saitama Super Arena, une immense salle ressemblant à un vaisseau spatial, tout en verre et en angles aigus, les gens se rassemblent depuis le milieu de la matinée. C'est un après-midi exceptionnellement froid, mais ils se tiennent au chaud sous leurs manteaux bouffants et leurs masques, sirotant du café à emporter et prenant des photos des magnifiques illuminations bleues qui ornent les arbres. Des écrans massifs rappelant les règles sanitaires jettent une lumière cendrée et taciturne sur les visages par ailleurs heureux, nous rappelant à tous que cet air de normalité n'est qu'un reflet superficiel d'un status quo fragile, trompeur. Pour beaucoup, c'est leur premier et dernier concert de l'année. Ah, que les temps sont inouïs...

Les portes s'ouvrent et une foule d'ombres se dirigent vers leurs portes d'entrée respectives, s'agrippant à leurs poupées Zura, la mascotte emblématique du groupe, d'autres saluant des amis à des mètres de là, sans pourtant faire un pas pour les approcher. Même si la Saitama Super Arena peut accueillir plus de 35 000 personnes, elle fonctionne aujourd'hui à une capacité bien inférieure, de nombreux fans ayant été contraints de rester chez eux et de regarder la retransmission en direct à la place. Car si la situation actuelle nous a appris quelque chose, c'est que même face à la maladie, à la mort et au sinistre isolement, la musique agit comme un sol de roches telluriques que l'on percuterait et dont on se relèverait, les genoux égratignés, les tibias meurtris... Mais si on n'est pas morts, c'est que l'on renaît. Mais bref, on s'éloigne du sujet.

Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas GLAY, terminons les présentations. GLAY est un mastodonte du rock. GLAY existe depuis 1988. GLAY ne compte pas moins de quinze albums studio à son actif. GLAY a déjà détenu le record du plus grand concert de rock jamais organisé au Japon, lorsqu'il a rassemblé pas moins de 200 000 personnes au Makuhari Messe en 1999. Un jour, les quatre GLAY ont même vu leurs visages imprimés sur un Jumbo Jet de Japan Airlines ! Le nom de GLAY est en fait une faute de frappe du mot anglais "gray", car le groupe ne pouvait pas se décider entre le noir (rock) et le blanc (pop). Mais de nos jours, appeler GLAY un groupe gris aurait été une insulte à ces légendes du rock nées à Hokkaido - et on vous invite à éviter un pareil blasphème.

Découvert au milieu des années 1990 par le non moins légendaire guitariste Hideto Matsumoto, alias hide, également habile chasseur de têtes, autrefois le protégé de Yoshiki, perché parmi les brillantes étoiles du clan Extasy de son mentor, GLAY a rapidement trouvé sa propre voie, une voie ornée d'une variété de floraisons aux couleurs de la power pop, du rock progressif, de l'électronique et parfois même du R&B. Ce soir, il devrait régaler la foule d'un mélange d'anciens et de nouveaux morceaux, en mettant l'accent sur la promotion de son dernier single sorti en août, G4・2020.

2020 a été une année difficile pour le groupe, une année qui a vu une grande partie des festivités de son vingt-cinquième anniversaire annulées, notamment son concert au Tokyo Dome en mai. Le plan initial prévoyait de jouer ce grand final à Sapporo, non loin de sa ville natale, Hakodate, et la décision de transférer le spectacle à Saitama en raison de la propagation alarmante de la maladie à Hokkaido a certainement été chargée d'émotion. Le groupe n'a pas connu de montée sur scène depuis près d'un an, sa dernière prestation en live remontant à janvier. "Ce que nous considérions tous comme allant de soi n'était pas la norme", déclarera plus tard le chanteur Teru lors d'une de ses nombreuses pauses MC. "Aussi éphémère que soit ce moment, je réalise maintenant sa valeur avec une profonde gratitude." Tu nous étonnes, Teru, tu nous étonnes...

Et pourtant, en dépit des sentiments aigre-doux qui se manifestent des deux côtés de la scène, GLAY ouvre le spectacle avec l'endurance tonitruante d'un retour très satisfaisant et très attendu. Un court métrage est projeté sur les écrans de la scène, représentant les quatre membres du groupe se réveillant dans des lits de morgue. "Qui a tué GLAY ?" est projeté sur l'écran suivant, avant que les quatre hommes ne soient montrés en train de rire ensemble sur un canapé, puis abattus par des doubles d'eux-mêmes. Vous n'êtes pas sûr du concept qui se cache derrière tout ça ? Vous n'êtes pas les seuls.

Mais la bonne nouvelle, c'est qu'ils ne seront pas morts longtemps, car lorsque les lumières brillent au centre de la scène, nous les trouvons endormis sur ce même canapé. Teru se réveille, vêtu d'une longue blouse blanche. Mais sa sieste a dû lui faire du bien, car quelques secondes plus tard il commence à chanter les premières notes de Rock Academia, la toute nouvelle chanson pop de GLAY, tirée de son dernier single, G4・2020. Également de blanc vêtus, le guitariste Takuro et le bassiste Jiro captent remarquablement bien l'énergie du rock adolescent pétillant pour des gens dont l'adolescence pétillante remonte au début des années 1980 - quoi ?! on n'était pas censé écrire ça ? - Seul le guitariste Hisashi semble avoir du mal à se réveiller de son dodo, ayant probablement passé les onze derniers mois dans ce même sweat à capuche noir, à faire exactement ce qu'il vient de faire pendant la première moitié de la chanson : dormir et attendre de meilleurs jours.
Il y a beaucoup de choses qu'on pourrait relater. Et pourtant, à la grande satisfaction de la foule, le refrain s'enclenche et Hisashi, un peu grincheux, comme tout bon anticonformiste iconoclaste de la première heure, saute enfin de sa perche et chante le reste de la chanson aux côtés de Teru, un combo surprenant dont on n'a pratiquement jamais été témoin dans l'histoire du groupe.

All Standard is You, un classique de 2001, commence par une autre surprise : une première partie façon Star Wars portant le titre "The Entertainment Strikes Back". Le puissant et maléfique Empire Covid a peut-être essayé de voler la joie et d'aspirer le courage de tous les êtres intergalactiques, mais GLAY est là pour régler ça. Que le GLAY soit avec vous! Le GLAY est-il déjà fort avec vous ? Ne vous inquiétez pas, à la fin de ce concert, il le sera certainement.

Les quatre membres revêtent des tenues noires, Teru porte un brassard rouge - un simple choix de style, un drôle de clin d’œil nazi-chic ou une déclaration politique gauchiste ? Qui sait ! Tout ce que l'on peut dire, c'est que l'ensemble du groupe semble être en pleine forme. Teru se donne à fond, chante avec passion et détermination. Il conduit, commande, dirige, mais jamais agressivement. Comme d'habitude, le guitariste et parolier Takuro se distingue par cette attitude de rock star sans effort que tous convoitent, que certains imitent, mais que peu apprivoisent. Les Guns ont Slash. Et dans le pays où nous nous trouvons, X Japan avait hide. Luna Sea a J. Buck-Tick a Imai Hisashi. The Gazette a Reita. Le seul maître des cordes qui ne vole peut-être pas la vedette, mais qui réussit pourtant à exhaler un charisme indéniable.

Pour contenir la propagation du nouveau coronavirus, il a été conseillé à la foule d'éviter de crier, de headbanger, de danser, de rire ou d'applaudir (bien que respirer puisse être autorisé si vous ne pouvez vraiment pas vous en empêcher). Une directive assez particulière que le groupe a prise avec humour : "C'est bon, nous n'avons pas besoin de parler ni de rigoler. Soyez comme GLAY, on ne rigole tout simplement pas", plaisante Teru avant de demander à la foule d'applaudir (doucement) pendant High Communications.

Le groupe a choisi d'offrir à ses fans une heure de ballades éclectiques, dont les magnifiques Mayfair, Haru o Aisuru Hito et Curtain Call, toutes animées par le talentueux claviériste HAJIMETAL. Peu de temps après, le vrai plaisir commence lorsque le rythme s'accélère, Into The Wild suit avec une puissante introduction à la basse - et à notre humble avis, ce morceau de G4・2020 vole la vedette ! Un instant plus tard, nous découvrons une toute nouvelle chanson, Shining Man - une explosion de couleur et d'énergie - juste avant de nous lancer dans un voyage dans le passé qui s'arrête à Viva Viva Viva, la pièce de résistance. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas ce bijou de 2001, il s'agit d'une chanson qui parle de... Défonce ? Et l'une des rares où le groupe passe du blanc au noir sans perdre du temps en mode gris. C'est vrai : quand Viva Viva Viva arrive, vous savez que le concert a atteint son apogée. Viva Viva Viva n'est peut-être pas le cœur d'un concert de GLAY, ce n'est peut-être pas les mains ni le cerveau, mais c'est bien le sexe. Takuro enfile un haut-de-forme, se tient debout sur les amplis - ce n'est pas un vrai concert de rock tant que quelqu'un n'a pas fièrement placé ses deux pieds à une distance minimale d'un mètre sur un ampli. Jiro se promène sur les podiums, Hisashi a l'air imperturbable. Teru fait un excellent travail de présentation de ses talents de showman, même s'il manque d'énergie charnelle pour rendre la chanson crédible - des tubes comme Viva Viva Viva requièrent une bête de scène sans vergogne, pas la douce grâce d'un artiste chevronné mais excessivement poli. Mes excuses Teru, tu n'es pas Michael Jackson !

Avant d'aborder le rappel, notre mention honorable va à XYZ, un tube issu de Summerdelics qui est présenté ce soir via d'incroyables projections de lumière sur toute la scène et dans l'arène - un moment d'émerveillement visuel festif qui marque la descente des sommets que le groupe a doucement gravi pendant la seconde moitié du set.

Mais si vous pensez avoir zappé le point culminant, ce n'est pas grave ! C'est encore à venir. Alors que les costumes de scène se défont et que le groupe revêt de simples T-shirts de tournée, il remercie la foule d'un discours touchant et sans fioritures, à la fois chaleureux et attachant. Tous les rangs de la Super Arena sont remerciés, le personnel est remercié, les spectateurs sont remerciés, on ne manque pas de mercis à GLAYland. Le rappel suit le même chemin, et avec un triptyque qui tue : Kanojo no "Modern...", un bijou de 1994, Bible, et le spectaculaire Heroes. Et quand ce dernier se met en branle, les GLAY semblent maintenant s'être métamorphosés en pure énergie de rock stars : enfin, Teru et Takuro se relaient sur les amplis - et pour une fois, ça n'a pas l'air chorégraphié. On dirait qu'ils n'ont pas envie de rentrer chez eux. On dirait que cette scène va leur manquer.

Set List
01. ROCK ACADEMIA
02. All Standard is You
03. MIRROR
04. High Communications
05. Tenshi no Wakemae
06. Ryuusei no Howl
07. Mayfair
08. Haru o Aisuru Hito
09. Curtain Call
10. Into the Wild
11. Tsuki ni Inoru 12. Shining Man
13. everKrack
14. VIVA VIVA VIVA
15. Friend of Mine
16. Lifetime
17. SOUL LOVE
18. Peak Hateshinaku Soul Kagirinaku
19. Dope
20. XYZ

Rappel
21. Kanojo no “Modern…”
22. BIBLE
23. HEROES