Interview avec Mio KOSEKI
Rencontre avec Mio KOSEKI lors de son passage à Paris pour nous parler de son nouvel album.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?
Mio Koseki : Bonjour à tous, je suis Mio Koseki, auteure et compositrice japonaise. J'adore la culture française !
Lors de notre dernière interview, vous nous annonciez travailler sur votre nouvel album pour les dix ans de votre carrière de chanteuse. C’est chose faite puisque Invincible Vamp est sorti en octobre 2022. Pourriez-vous nous parler de cet album ?
Mio Koseki : J'ai finalement sorti mon nouvel album Invicible Vamp dans lequel j'ai mis 15 chansons originales que j'ai écrites durant les dix ans de ma carrière. Ce sont des chansons inédites. J'ai vécu pendant dix ans avec ces 15 chansons qui sont pleines d'histoires différentes : celle de la joie, de la tristesse, de l'amour, de harcèlement, de la violence conjugale et de la famille. Si je devais définir mon album, je dirais qu’il peut vous aider à surmonter vos nuits solitaires pleines d'anxiétés et de doutes. C'est comme donner du baume au cœur.
Pourquoi ce titre Invincible Vamp ?
Mio Koseki : Ce titre vient de mon amie écrivaine japonaise Suzumi Suzuki. Après avoir écouté mon album, elle disait que mes chansons étaient écrites avec beaucoup d'honnêteté et semblaient pouvoir aspirer le poison et les douleurs du cœur. Elle m’a comparé à un vampire invincible, qui pouvait traverser beaucoup de tragédies et se relever quand même pour guérir les blessures des autres avec ses chansons. J'ai donc décidé de choisir Invincible Vamp comme titre pour mon album.
Dans ce nouvel album, vous avez un peu moins chanté de chansons en français contrairement à vos autres albums. Est-ce qu’il était plus simple pour vous de chanter en japonais compte tenu des sujets abordés ? Ou est-ce tout simplement une envie de changer ?
Mio Koseki : J'ai quand même essayé d'écrire les paroles en français pour toutes les chansons de cet album. Quand je les ai enregistrées en japonais et en français, j'ai choisi la plus belle version, celle qui sonnait le mieux avec le rythme de ces dernières pour ainsi créer la meilleure harmonie possible. De nombreuses chansons ont été écrites à l'origine en japonais et j'ai donc pensé que c’était finalement plus adapté parce que ces versions transmettent indubitablement mieux le message et l'émotion des chansons. C'est pourquoi finalement j'ai enregistré plus de chansons en version japonaise. Par contre, j'ai mis les paroles en français dans le photobook qui accompagne le CD pour que les gens puissent comprendre les paroles en écoutant les chansons. Je vous conseille donc de prendre le photobook avec l’album ! hehe J
De quoi parlez-vous dans vos textes ? Quel(s) message(s) voulez-vous faire passer ?
Mio Koseki : Le message de l'album c'est portez-vous bien, n’abandonnez pas, car demain "it will be okay" (en anglais dans l'interview, “ça va aller”). Dans chaque chanson il y a un message. Par exemple, dans The Little Bird, la première chanson de l'album, celui-ci porte sur la violence conjugale que j'ai vécue. J’ai été contrôlée, manipulée mais ayant réussi à fuir, je voulais aider et donner de l’espoir aux personnes qui souffrent ou ayant souffert des mêmes sévices que moi. La chanson Pourtant parle du harcèlement mais en prenant le parti de l’harceleur et non de la victime. J'ai essayé de par cette chanson de me mettre à la place des personnes qui harcèlent les gens, de comprendre quelles motivations et plaisir ils avaient à faire cela. Quand j'étais étudiante, j'ai été harcelée pendant six ans, j'ai essayé de comprendre les sentiments de ces personnes. Toutes ces choses illogiques, absurdes qu’elles soient récentes ou passées il y a longtemps, restent en nous. De temps en temps ses émotions ressurgissent et nous attaquent de l'intérieur comme un cancer. J'ai écrit cela en espérant que ces traumatismes guériront un jour. Il y a plein de messages comme cela que j’essaie de faire passer par cet album.
Est-ce que c'était important pour vous de parler de "MeToo" sachant que cette vague qui a déferlé partout dans le monde est bien trop peu présente au Japon ?
Mio Koseki : Oui c'est vrai qu'au Japon c'est très très rare. Si une victime déclare qu'elle a été attaquée, qu'elle a subi des choses, les gens disent par exemple, que cela vient de l'imagination des femmes. Au Japon, il est difficile de s’exprimer librement, et les personnes osant s’exprimer se font rabaisser par les médias ou les autres. De ce fait, malgré les nombreux témoignages et cas connus, plus personnes n’ose prendre la parole sur ce genre de sujets et cela tombe dans l’oubli et le déni. Si une personne, que ce soit un homme ou une femme fait ce genre d'accusations, au lieu d’être défendue, les gens se retourneront contre elle. Et cela est trop fréquent. C'est pourquoi j'ai voulu aborder ce sujet dans mes chansons pour que quelqu'un entende mon message.
De quoi vous inspirez-vous pour vos chansons ?
Mio Koseki : De toutes mes expériences.
Si vous n’aviez qu’une seule chanson à conseiller d’écouter sur ce nouvel album, laquelle serait-elle ?
Mio Koseki : je conseillerai la chanson Don't know. J'ai déjà sorti le clip sur ma chaîne YouTube. Les paroles sont un mélange de japonais, anglais et français. Le message c’est de d’abord penser à soi et s’aimer. J’espère que vous l’écouterez.
Vous avez fait beaucoup de concerts ces dernières semaines au Japon. Comment sont perçues vos chansons chantées en français ?
Mio Koseki : Comme je suis une grande fan de chansons françaises, pour faire découvrir ces dernières au Japon, j’interprète souvent des chansons en français devant le public. Avant de commencer à chanter une chanson, je raconte son histoire, comme cela les personnes peuvent plonger dans l’univers de celle-ci en l’écoutant. Cela permet d’ouvrir leur imagination, de visualiser les scènes et de les interpréter à leur façon. Je chante mes chansons originales mais également des chansons célèbres comme celles de Charles Aznavour, Edith Piaf, par exemple.
Beaucoup de vos concerts ont lieu à Kobe, est-ce qu’il y a une sorte de communauté qui aime la chanson française ?
Mio Koseki : Oui, j’ai vécu pendant trois ans à Kobe. J’ai fait énormément de concerts là-bas, presque un par jour. C’est une ville très connue pour le jazz si bien qu’on pourrait la considérer comme l’une des capitales du jazz au Japon. De plus, Kobe est une ville portuaire, je pense que les gens là-bas sont habitués à découvrir des choses venant de l’étranger et maintenant les chansons françaises y sont appréciées. Si comme pour le jazz, Kobe devenait la ville de la chanson française au Japon, j’en serais très heureuse. Si vous venez au Japon, j’espère que vous passerez par Kobe !
Quel genre de public vient vous voir ?
Mio Koseki : C’est assez mixte, de 20 à 80 ans avec une majorité entre la trentaine et la cinquantaine. Les concerts dans lesquels je me produis, sont en général pour la mode, ou des collaborations avec des marques de vins ou alors dans les restaurants. De ce fait, mon public est assez varié, mais les gens sont tous à l’écoute, très curieux de découvrir la culture française et ses chansons.
Vous avez fait un concert en France l’an dernier. Avez-vous constaté des différences dans les réactions du public ou est-ce la même chose ?
Mio Koseki : Oui bien sûr c’est différent. Là ou au Japon, et particulièrement à Kobe, les gens me connaissent, en France, personne ne me connaissait. Mais même si c’était la première fois qu’ils me voyaient, les personnes présentes étaient vraiment gentilles. Ils m’ont tous écoutée, ont essayé de me comprendre, m’ont applaudi, et j’ai pu sentir une proximité avec eux, ça m’a vraiment touchée et émue. J’ai chanté mes chansons originales, et même si nous avons grandi dans des pays différents nous rencontrons tous les mêmes difficultés, les mêmes épreuves et les mêmes joies donc je pense qu’on a pu partager un bon moment ensemble.
Vous avez une carrière qui ne se résume pas qu’à la chanson, avez-vous d’autres projets prévus dans le futur ?
Mio Koseki : Pour cette année, je vais continuer à faire des chansons. Je ne suis pas très à l’aise avec les réseaux sociaux mais pour cette année j’ai décidé de m’y mettre de façon plus active, d’avancer à petit pas pour me faire connaître dans un premier temps.
Et bien sûr quels sont vos projets musicaux ?
Mio Koseki : Avant ma carrière de chanteuse, j’ai commencé comme auteure compositrice pour la musique, la publicité japonaise et autre. Je vais continuer cela cette année aussi. J’aimerais également faire des concerts en France aussi, en Belgique, en Suisse, peut-être pas cette année, mais dans un futur proche je l’espère. Avec la situation du covid qui s’améliore, ce sera peut-être plus facile. J’ai plein de projets en tête, et par-dessus tout, je veux continuer de créer un lien entre la France et le Japon.
Avec quels artistes francophones rêveriez-vous de collaborer ?
Mio Koseki : Avec les artistes que j’ai interviewés au Japon tels que Pomme, Zaz, Julien Doré, Pascal Obispo et pleins d’autres ! Mais aussi des personnes lies à la musique (producteur, beatmaker, musicien en tous genre) !
Enfin, avez-vous un dernier message à transmettre aux lecteurs de JaME ?
Mio Koseki : Merci
de m’avoir découverte. N’hésitez pas à écouter mon dernier album Invincible Vamp.
Malgré les choses dures que vous avez vécues, j’espère que mes chansons vous
aideront.
J’espère pouvoir vous voir bientôt !
Portez-vous bien!