Un des clichés qui revient fréquemment à propos de l'archipel japonais et surtout de sa capitale, c'est que "le temps y file à toute vitesse" : l'assertion est en tout cas souvent valable pour les idoles ou girlsbands mineurs oeuvrant dans la jpop. Nul doute que cinq ans après sa sortie, les Japonais ont totalement oublié Five Girls, le second opus des Folder5. Peut-être même le nom du girlsband ne leur évoque plus que de lointains souvenirs... Ce deuxième album incarnait pourtant un certain renouveau dans le son de ces cinq midinettes sympathiques, qui avaient jusque là habitué le public à de la dance pure. Retour donc sur un album de toute façon passé inaperçu, à tort ou à raison...
Five Girls est véritablement un album se détachant du précédent, HYPER GROOVE 1, en premier lieu par son contenu inédit. En effet, avec neuf nouvelles pistes sur les treize chansons présentes, nous sommes bien loin du remplissage du premier opus qui ressemblait plus à une compilation de singles et faces B ! Deuxième surprise : ce deuxième album délaisse cette fois l'eurobeat, genre dans lequel le groupe s'est pourtant fait connaître, pour se tourner vers une pop d'idol beaucoup plus conventionnelle, avec une grande place laissée aux ballades, genre totalement absent de HYPER GROOVE 1.
L'album
Dès l'introduction du CD, Baby My Heart semble donner le ton : malgré quelques héritages dance, nous démarrons cet album par de la pop. Le morceau est joyeux, sans grande originalité, ne laissant pas une impression forte, et est toujours basé sur un choeur à l'unisson comme la majorité des chansons précédentes du groupe. Il faut se rabattre sur la deuxième piste, MY MIRACLE (rétrospectivement le dernier single du groupe), pour goûter véritablement à une meilleure répartition vocale entre les membres, chose qui manquait énormément au premier album. Mélangeant guitares et courtes nappes de synthé, le morceau est assez énergique, plutôt bien mené par nos cinq idols et s'avère être le premier titre fort de l'album.
Première nouveauté au sein de la discographie des filles : une ballade avec Still reminds me of you. Encore une fois, les voix sont beaucoup mieux réparties et de discrètes harmonies entre les membres sont même tentées. Bénéficiant d'une mélodie plutôt mignonne et facile, l'essai se révèle concluant, les arrangements piano-cordes contribuant à la bonne qualité de la piste. La chanson suivante, Piece of wish, figurait déjà en face B du single Magical Eyes : il s'agit d'un morceau pop-rock assez malmené par une mélodie hachée et par des effets de synthé assez tapageurs - le tout reste relativement audible, mais aurait mérité de rester dans l'oubli tout de même. Heureusement, GO AHEAD!! va remonter un tant soit peu le niveau : écrit et composé par t-kimura de m.o.v.e (dont on reconnaît à certains moments la patte), il s'agit d'un bon mix entre eurobeat soft et ambiance trance, influence audible notamment dans l'excellent pont musical du morceau. De plus, il s'agit du premier single pour lequel les voix se sont trouvées équitablement réparties, apportant une (petite) pointe de diversité vocale. On tient là une chanson accrocheuse, qui pour une fois en plus n'est pas criarde.
Mais la véritable surprise de Five Girls réside à présent dans la présence de quatre pistes solos. Entreprise au goût d'autant plus inédit que les quatre filles concernées devaient la plupart du temps se contenter de jouer les choeurs pour leur leader AKINA ! C'est donc avec plaisir que l'on découvrira tout d'abord la voix assurée de MOE sur Koi no Kakera..., un morceau pop-rock mâtiné de samples techno-soft semblant sortis d'une console de jeux 16 bits. Vient ensuite HIKARI, qui nous scotche sur une piste pop énergique et très accrocheuse, avec un tempo vocal impeccable qu'on ne lui soupçonnait pas, faisant presque de ce Turn to you le morceau phare de cet album ! NATSU se voit attribuée elle Wonders, une petite chanson pop sans prétention, certes aussi fraîche qu'un générique d'anime pour enfants, mais sans réelle consistance. Cependant, la réelle déception vient d'ARISA, qui se voit affublée d'une ballade mollassonne à la mélodie insipide, Midnight Train, qui ne met en outre à aucun moment en valeur les capacités vocales dont la jeune fille avait pu faire preuve lors de prestations live.
Cet intermède sous forme de solos est suivi d'une nouvelle version de Magical Eyes, l'avant-dernier single du groupe. Morceau pop brillant et entraînant dans sa version single, Magical Eyes est transformé ici en ballade bien plus banale. C'est d'autant plus frustrant que les montées vers les aigues qui formaient le point d'orgue du single se révèlent assez crispantes une fois l'accompagnement musical allégé et le rythme ralenti. La version originale aurait donc été préférable, d'autant plus que l'album se révélait déjà assez consistant en chansons lentes. Et ce sont justement trois ballades qui fermeront ce Five Girls, dans des genres différents : un Depend on you qui emprunte une rythmique légèrement r'n'bisée sur ses couplets, un Precious Love qui verse dans une pop sage plus classique et enfin un FAKE synthétique qui peut rappeler les premières ballades de dream, les harmonies vocales en moins. Trois chansons plus ou moins acceptables, mais aucunement irréprochables vu leur classicisme.
La véritable conclusion de cet album tranche totalement avec la certaine homogénéité pop de Five Girls... Et pour cause : t-kimura fait son retour avec un remix trance déjanté de Believe, la plus grosse vente du groupe. Si cette orientation musicale finale est un vrai séisme dans l'écoute linéaire de l'album, aucune réelle raison de s'en plaindre tellement le travail effectué par le DJ se révèle étonnant. Certes, exceptées les voix des filles, il ne reste absolument rien du morceau original, mais vu l'efficacité de l'entreprise, le compromis est pleinement satisfaisant et l'on regrette que t-kimura n'ait pas plus composé pour le girlsband ! Une façon un peu folle de conclure cet album, mais néanmoins enivrante.
Packaging
La version chroniquée correspond à l'édition limitée, dont les seules différences résidaient dans la présence d'une photocard, d'un packaging en carton fin reprenant le design des jacquettes du boitier, ainsi que d'une sérigraphie couleur sur le disque et d'un bulletin pour assister au live promotionnel de l'album (invitation à présent obsolète, bien évidemment !). Le livret, dans des tons plutôt clairs, propose paroles, crédits et plusieurs photos des membres. Le tout est assez soigné, classique, mais sans mauvais goût.
Avis : ★★★☆☆
Conclusion
Au final, Five Girls est un album surprenant pour qui aurait découvert les Folder5 par leur premier opus. Passé ce renouveau grâce à la participation d'une plus grande variété de compositeurs, l'ensemble se révèle tout de même assez bancal, quelques très bonnes chansons côtoyant des pistes bien plus fades, dont une majorité de ballades, un genre qui ne sied pas toujours aux voix de nos cinq jeunes filles. Il est évident que les personnes appréciant le groupe pour ses chansons typées eurobeat ne trouveront pas leur compte dans le contenu de ce CD ; les autres pourraient apprécier cette nouvelle direction, à condition qu'ils soient d'office ouvert à la pop cataloguée idol. Un achat loin d'être indispensable donc, mais un album qui mérite toujours une écoute occasionnelle, même quelques années après.
Avis : ★★☆☆☆
Les +
- Présence de chansons en solo.
- Nouvelle direction musicale pour le girlsband.
Les -
- Un tout assez inégal.
- Un trop plein de ballades.