JaME s'est entretenu avec Olivia le lendemain de son concert en France.
Le 6 juillet, Olivia donnait son premier concert en Europe, à Paris.
Le lendemain de sa représentation, nous avons eu l'opportunité de poser quelques questions à la star, enthousiaste et joliment vêtue d'un kimono.
Votre concert hier était vraiment excellent. Qu'en avez-vous pensé ?
Olivia : C'était très agréable. La salle de concert, l'acoustique c'était net, très plaisant. Le groupe a bien joué, le public a été vraiment chaleureux ; je pouvais sentir le sol qui tremblait sous leurs pieds. Chaque fois que je disais quelque chose, ils se mettaient tout de suite à crier « Waaah ! ». Et pendant les ballades, ils allumaient leurs briquets et leurs portables : c'était génial, je me suis vraiment sentie aimée (rires).
Etiez-vous inquiète avant le concert ?
Olivia : Oui, je ne pensais pas qu'autant de personnes viendraient. On a commencé le concert avec quinze minutes de retard, le temps que tout le monde puisse rentrer dans la salle. Alors, quand j'ai entendu ça, j'ai commencé à être très nerveuse. Ce soir-là, j'allais porter des talons hauts, mais mes jambes tremblaient à tel point que je me suis dit « Oh mon dieu, je ne pourrai pas chanter sur scène avec ces talons », alors je les ai enlevés.
C'était votre premier concert en Europe ; est-ce que cela a été particulièrement important pour vous ?
Olivia : Oh oui, bien sûr. Mais tout le monde a été si gentil, je les adore. Ils travaillent si dur, ce sont vraiment des gens bien. Je m'imaginais que tout le monde serait indifférent. Mais ça n'a pas du tout été le cas : ils ont été très dévoués, amusants et enthousiastes. J'adore, j'ai envie de venir vivre ici pendant deux ans ou quelque chose comme ça (rires). En fait, je rêve de vivre ici pendant quelques années. Donc je pense qu'un jour, peut-être, je le ferai (rires).
Vos chansons sont très variées. Comment déterminez-vous ce qu'exprimera la chanson ? Est-ce que vous le décidez avant même d'écrire la chanson, ou bien est-ce que vous commencez et voyez où cela vous mène ?
Olivia : En fait, j'ai toujours un thème à la base, quelque chose auquel je pense, ou comment je me sens : c'est ce qui sera à la source de mon inspiration en quelque sorte. Si je me sens quelque peu frustrée ou quoique ce soit, alors il se peut que cela prenne une toute autre tournure, plus sombre. Si je me sens heureuse, que je suis détendue, alors la chanson aura un ton plus léger.
Donc ce n'est pas comme si vous vous asseyiez en vous disant « Je vais écrire une ballade » ?
Olivia : Si, ça arrive. J'écris clairement sur ce qui se passe à ce moment-là. C'est essentiellement ce que je ressens, que je sois d'excellente humeur ou, au contraire, que je n'ai pas le moral.
Il semble que, récemment, le ton de vos chansons ait quelque peu changé, devenant ainsi plus mûr. Etait-ce délibéré, ou bien est-ce que cela s'est fait progressivement ?
Olivia : C'est venu petit à petit. Je pense qu'à l'époque de The Lost Lolli et après, je me suis vraiment sentie abattue et un peu déprimée. A ce moment-là, la musique que j'avais tendance à écouter était plutôt... J'avais besoin de quelque chose pour me remonter le moral. Je ne voulais plus sombrer dans le désespoir. Ces chansons m'ont été d'une grande aide, et j'ai pensé que c'était peut-être ce que je voulais faire, que c'était le genre de chansons que je voudrais écrire. Le genre de chanson que l'on mettrait dès que l'on se réveille, et qui, quand on part de la maison, nous gonfle à bloc pour toute la journée. Ainsi, être passée par de tels moments difficiles a changé ma façon de penser.
Est-ce que le fait d'avoir composé plusieurs chansons pour NANA a quelque part changé votre approche de l'écriture ?
Olivia : En effet. Je pense que tout ce côté « Trapnest » m'a fait apprécier le fait de faire plus de pop. Et j'ai réalisé combien la pop permet de toucher un public beaucoup plus grand. Aussi, j'ai trouvé ça stimulant d'écrire de la pop. Parce qu'en général, c'est facile d'écrire quelque chose de plus expérimental ou de complètement nouveau. Mais quand on essaye d'écrire de la pop, il faut vraiment penser à quelque chose que les gens garderont en tête. Il faut que ce soit facile à retenir. C'était amusant et ça m'a donné envie de faire des refrains plus entrainants.
On peut mêler de la pop à beaucoup d'autres choses, qu'en dites-vous ?
Olivia : Tout à fait. Par exemple, j'ai pu découvrir que l'on peut avoir une chanson plus expérimentale, avec un refrain très pop.
Il y a quelques temps, vous avez fait un concert spécial NANA avec Anna Tsuchiya. Qu'est-ce que cela vous a fait d'être sur scène avec elle et de chanter l'une et l'autre vos chansons ?
Olivia : C'était drôle (rires), tellement marrant. On savait qu'on allait faire un concert toutes les deux, mais il a été décidé à la dernière minute de faire ces deux dernières chansons ensemble. On était là : « on veut pas que ce soit ringard, on va rendre ça cool ». Ça aurait très bien pu ne pas marcher, on était très inquiètes à cette idée. Mais je pense que ça s'est bien passé, malgré qu'aucune de nous ne connaissait les paroles de l'autre. Alors c'était drôle, elle et moi sur scène en train de chanter, tout en regardant les paroles écrites sur une feuille ! (rires)
Beaucoup de vos chansons ont des titres très intéressants : Color of Your Spoon, The Return of the Chlorophyll Bunny, etc. D'où vous viennent ces idées de titres ?
Olivia : (rires) Je ne sais pas, j'ai beaucoup d'images fortes en tête. Et en général, quand je commence à écrire, j'ai un thème principal ou une image en lien avec ce que je suis en train d'écrire.
Alors, quelle est la signification de Color of Your Spoon ?
Olivia : Quand j'étais petite, ma mère et mon père n'avaient pas tant d'argent que ça. Et je me souviens qu'un jour, ils sont revenus avec de nouvelles cuillères et fourchettes et les ont mis dans le tiroir. J'étais là, j'ai ouvert le tiroir et j'ai fait : « Oooh, c'est trop beau ! ». Ça brillait ! J'en ai pris une, et, oh mon dieu, je l'ai volée pour la mettre dans ma taie d'oreiller ! Et tous les soirs, avant d'aller dormir, une fois ma mère partie, je la sortais comme si c'était mon trésor, ma baguette magique. Et je me rappelle que je jouais avec cette cuillère, je la regardais, le reflet de mon oeil, des choses comme ça. En fait, ce que j'essayais de dire, c'est que le reflet de mon oeil dans cette cuillère correspond à "the color of your spoon" (NdR : "la couleur de ta cuillère"). Cette candeur avec laquelle on prend cette cuillère, que l'on considère comme notre trésor.
Vos paroles parlent souvent de vos propres sentiments. N'est-il pas difficile pour vous de les révéler au grand jour ?
Olivia : Non. Cela ne me dérange pas du tout. Beaucoup de gens trouvent ça difficile de parler de leurs problèmes, de choses comme ça, mais moi non. Ça ne me gêne pas du tout, j'aime en parler. Tout le monde a des problèmes, les gens peuvent s'y identifier.
Dans vos chansons, vous utilisez beaucoup de tournures complexes ; quelles sont vos influences au niveau de l'écriture ?
Olivia : Je ne sais pas, je ne suis pas vraiment douée pour les mots. J'ai un peu de mal à exprimer ce que je ressens avec des mots. J'essaye de ne pas me cantonner aux règles et de faire ça à ma façon, en quelque sorte. Ou bien j'écris comme je le sens.
Donc, vous ne nous inspirez pas d'un auteur en particulier ?
Olivia : Non, pas vraiment. J'aime lire, je lis beaucoup de livres, mais je n'ai pas de poète préféré ou ce genre de choses.
Quel genre de livres lisez-vous ?
Olivia : Je dirais que mon auteur préféré est Herman Hesse. J'aime ce qui traite de philosophie. Quoi d'autre... Murakami Haruki.
Le clip de Stars Shining Out est relativement différent de vos autres vidéos. Comment en est née l'idée ? Comment s'est passé le tournage ? Les costumes n'étaient-ils pas inconfortables ?
Olivia : Pour cette vidéo, j'ai choisi un de mes stylistes préféré. Je lui ai fait part de tout le concept de mon album et de Stars Shining Out, et je voulais absolument que le clip reflète ce thème. Alors il a proposé l'idée d'une poupée en papier poursuivie par des monstres. Et il y avait tous ces différents stylistes ; je voulais faire quelque chose d'un peu plus excitant, parce que je me suis un peu lassée des normes, comme tout ce qui touche à la mode. Je voulais vraiment quelque chose de stimulant de la part des designers, alors nous sommes allés dans un endroit particulier et ils ont vraiment fait un travail impressionnant. Pour le maquillage aussi, même si on a rencontré quelques problèmes.
Est-ce qu'il y a certaines chansons pour lesquelles vous auriez voulu faire une vidéo ?
Olivia : Oui, il y en avait plusieurs que j'aurais voulu faire. Purple Box et Sugar Bloodsuckers par exemple. Ma soeur et moi avions l'intention de le faire nous-mêmes, parce qu'on le fait des fois, pour s'amuser. On allait le faire, mais elle a déménagé, donc je n'ai pas ma bande avec moi (rires).
Qui est SPACE CRITTER ? (NdR : l'auteur des paroles pour le single A Little Pain)
Olivia : C'est un de mes amis japonais qui m'aide pour la traduction. Parce que j'ai beaucoup de problèmes à ce niveau-là : quand j'utilise un traducteur, ça transforme toujours ma chanson, l'idée principale que je voulais faire ressortir, et je n'aime pas ça. Alors je fais appel à SPACE CRITTER, qui est un ami proche, en lui disant ce que je veux exprimer. Je pense qu'il me connait suffisamment pour savoir quel message exactement je veux faire passer. Il sait qui je suis réellement, ce que j'ai au fond du coeur. Beaucoup de gens ne saisissent pas ça, alors ils ne peuvent pas retranscrire correctement.
J'ai remarqué que, dans vos chansons, vous utilisez beaucoup de mots comme « l'espace », « le ciel », « les étoiles »...
Olivia : Oui, et ce qui se rapporte à la nature.
Pourquoi ? Est-ce que cela a une signification particulière pour vous ?
Olivia : Oui, la nature est très importante pour moi, c'est ce qui m'apaise. Elle me permet de faire le vide et de n'écouter plus que mon coeur. Je pense sans arrêt, c'est dingue, je suis si sensible. Quand je regarde le ciel, la nuit, ça me détend, et j'écoute mon coeur. C'est ce qui m'inspire. C'est de la méditation en quelque sorte.
Il y a quelques années, vous aviez fait une reprise d'une chanson de Toto, Africa (NdR : sur le single Sea me), qui est votre unique reprise à ce jour. Pourquoi cette chanson en particulier, et seriez-vous intéressée pour faire d'autres reprises ?
Olivia : Oui, j'aimerais faire d'autres chansons. J'adore Africa, ça a été une des premières chansons que j'ai écoutés quand j'ai découvert la musique. C'est là que j'ai réalisé que j'aimais vraiment la musique. (elle fredonne la mélodie) Et la signification de cette chanson... Mon père écoutait beaucoup Toto, alors ça faisait vraiment longtemps que j'avais envie d'en faire une reprise. Et maintenant, je veux en faire une autre, mais il faut vraiment que ce soit une chanson qui me donne envie d'en faire une reprise. Par contre, on fait beaucoup de reprises en concert. Par exemple, Where you end and I begin de Radiohead, Pride in the name of love de U2, et Like a virgin, en apportant une touche de Nirvana à la chanson. J'ai vraiment envie de faire ce genre de chose la prochaine fois que je viendrai ici.
Puisque nous sommes en France, écoutez-vous de la musique d'artistes français ?
Olivia : Je n'en écoute pas beaucoup, non. Ah si, Daft Punk et Air. Et j'adore Michel Gondry ; il est français, n'est-ce pas ? C'est mon réalisateur préféré. Est-ce que vous avez vu Eternal Sunshine of the Spotless mind ? Et il vient de sortir The Science of Sleep, j'adore ce film. C'est vraiment quelqu'un d'extraordinaire.
En remontant encore plus loin, vous avez commencé votre carrière musicale avec le groupe pop D&D. Est-ce que cela a été difficile pour vous d'être prise au sérieux en tant qu'artiste solo après avoir fait vos débuts dans le groupe d'idoles D&D ?
Olivia : Oh oui ! Ça a été très difficile. On se moquait de moi, mais cela m'était égal. Je savais que ça allait être dur, mais ça n'avait pas d'importance : l'essentiel, c'était de donner le meilleur de moi-même. Cela a pris du temps pour sortir de tout ça, mais je me préoccupais uniquement de ce que j'avais à faire. J'essaye de ne pas trop y penser.
Que pensez-vous des groupes d'idoles actuels ?
Olivia : Quand je vois ce qu'il en est maintenant, je pense que c'est... Je n'en écoute pas, mais ça existe. Je ne les juge pas, pas du tout. Il y a des fois où je me dis « j'espère que leur maison de disques n'est pas trop dure avec eux ». Je leur souhaite ce qu'il y a de mieux.
Pouvez-vous vous imaginer en faire toujours partie ?
Olivia : Absolument pas. Je me jetterais d'un immeuble ; je ne veux plus jamais faire ça. Non, non merci.
Si vous aviez l'occasion de remixer une de vos chansons dans un style complètement différent, quelle chanson et quel style choisiriez-vous ?
Olivia : Hmm, pour chaque chanson, j'entends tellement de remixes, complètement différents de l'original, c'est dingue. La chanson Ballerina par exemple : pour moi, ça a toujours été une chanson dans le genre expérimental. Et donc c'est ce que je voulais faire, quelque chose d'original, mais ils étaient là : « Non, il faut que ce soit mignon, dans le style pop », et au final, ça a donné quelque chose de vraiment bien. Je ne sais pas, il y a tellement de chansons...
Cela pourrait être une idée de sortir un album de remixes un de ces jours, non ?
Olivia : Oui. Je viens justement d'ouvrir mon MySpace officiel, et il y a un remix téléchargeable gratuitement. C'est un remix fait par World's end girlfriend, un groupe très expérimental qui vient de Tokyo.
Vous semblez toujours être un peu nerveuse avant le début de vos concerts. Comment faites-vous pour évacuer ce stress ?
Olivia : (rires) Mes sentiments finissent toujours par ressortir. Si je ne suis pas bien, ça se voit, c'est quelque chose que je ne peux pas dissimuler. Alors quand je suis nerveuse, c'est vraiment flagrant. En tout cas, je fais en sorte de ne pas écouter de musique, parce que j'y suis sensible. Quand j'écoute de la musique d'ambiance, je suis toute.... (elle fait des petits mouvements avec ses bras) Je suis trop décontractée. Et quand j'écoute du rock, je me sens agressive, alors il ne faut pas que j'écoute de la musique, mais plutôt que je me tourne vers l'aromathérapie, que je fasse des étirements, pour essayer de me calmer. Et il faut que je laisse tomber les talons : je ne peux pas en porter pour un concert.
Quand je regarde une de vos prestations, vous semblez très nerveuse au début, mais après, vous gagnez en confiance.
Olivia : Je sais, c'est trop bizarre. Après environ deux chansons, ça y est, je n'ai plus peur. Quand je regarde le public, ça me calme et tout va bien. Mais tant que je ne vois pas leurs visages, je suis vraiment nerveuse.
Que nous réserve votre nouveau single, qui sortira le 25 juillet ?
Olivia : (en plaisantant) Quoi ? J'ai quelque chose qui sort le 25 juillet ? Je ne sais pas où vous avez été cherché ça ! (rires) Oui, je suis au courant, mais je ne sais pas quand ça sortira au juste, peut-être en juillet ou fin août, parce qu'on a quelques difficultés en fait.
A quoi pouvons-nous nous attendre pour cette chanson ?
Olivia : C'est très pop. J'ai écrit environ cinq chansons, toutes dans ce style. Je ne sais pas quelle chanson sortira en premier, alors je ne peux pas vous en dire plus. Une chose est sûre, ce sera de la pop.
Hier soir, vous avez chanté une nouvelle chanson. Est-ce que ce serait celle-là ?
Olivia : Oui (rires).
Avez-vous l'intention de plus vous concentrer sur l'Europe et les Etats-Unis désormais, avec peut-être des concerts et des sorties ?
Olivia : Oui. NANA va bientôt être diffusée dans plusieurs autres pays, donc je pense que j'aurai plus l'occasion de venir en Europe. D'autre part, je travaille actuellement sur mon prochain album. Il y aura peut-être deux singles avant la sortie de l'album.
Pour finir, un message pour vos fans ?
Olivia : J'aime vraiment voir les fans à mes concerts, parce qu'il n'y a pas de murs qui nous séparent. Quand on est en studio, qu'on enregistre les chansons, qu'on tourne des clips, toutes les opinions comptent. Et parfois, il arrive que les choses n'aillent pas comme je le souhaite... Que ce soit la pochette du CD ou les chansons en elles-mêmes. Pendant les concerts, je peux toucher mon public directement. Alors si vous n'avez jamais vu un de mes concerts, venez donc voir ce que ça donne !
JaME tient à remercier Olivia, Avex et Wasabi Records.