Entretien avec l'artiste Sachiko M

Bonjour. Nous aimerions commencer par situer le début de votre carrière. Comment vous êtes-vous intéressée à la technique du sampling ?

Sachiko M : Au départ j'étais ingénieur du son dans une compagnie de théâtre, où Je travaillais essentiellement avec des magnétophones à cassette. J'ai par la suite découvert le sampler et je me suis mise à l'utiliser, car il était vraiment facile de créer des effets sonores avec. C'est ainsi que j'ai commencé à m'intéresser au sampling. Plus tard j'ai arrêté d'utiliser cette technique de l'édition sonore, puis j'ai découvert qu'il m'était possible de traiter les ondes sinusoïdales directement sur mon sampler.

Quand avez-vous commencé à ne travailler qu'avec les signaux sinusoïdaux ?

Sachiko M : Je pense que c'était vers 1997.

Après la dissolution de Ground Zero ?

Sachiko M : Oui.

Nous aimerions savoir comment vous travailliez à l'époque de Ground Zero. Les samples choisis avaient-ils une signification particulière, selon la tonalité ou le thème du morceau, ou privilégiez-vous plutôt la spontanéité et une totale liberté d'action ?

Sachiko M : A l'époque où je faisais partie de Ground Zero, je travaillais avec Yoshihide Otomo et je devais me plier à ses directives avant les concerts. Il avait un certain esprit de compétition, voulait toujours se dépasser. Quelquefois il venait me voir avec ses propres sources sonores que je devais éditer. J'avais aussi par moments la liberté de choisir mes propres sons, mais les samples les plus importants venaient toujours de Yoshihide Otomo.

De quelle manière votre travail actuel, la manipulation d'ondes sinusoïdales, est-il différent de ce que vous faisiez avec le sampling ?

Sachiko M : Ce n'est vraiment pas la même chose. Le sampling doit comporter une grande part de significations, véhiculer un message, alors que les ondes sinusoïdales ne sont rien de plus que du son. Je pense aussi que c'est pour cette raison que j'ai arrêté le sampling, cela devenait trop difficile et éprouvant.

Vous avez travaillé avec de nombreux artistes sur de multiples et très différents projets, que ce soit avec Toshimaru Nakamura, Hoahio, ou encore le Otomo Yoshihide New Jazz Orchestra. Qu'est-ce qui vous attire dans la fait d'aborder divers genres musicaux ? Et selon vous, que pouvez-vous y apporter ?

Sachiko M : D'habitude je préfère jouer en solo, car dans cette situation je n'ai pas besoin d'autres sons que les miens. Cependant, jouer avec d'autres musiciens me permet d'obtenir quelque chose de leur part, quelque chose qui ne soit pas purement musical. Tout dépend bien sûr des personnes avec qui je joue, mais c'est essentiellement pour cette raison que je continue de participer à divers projets. Quelquefois je ne me sens pas parfaitement satisfaite, car il m'est difficile de savoir comment placer mes sons au sein de certains styles musicaux. Mais je continuerai de travailler avec d'autres musiciens tant que cela me procure un certain plaisir.

Est-ce vous qui généralement demandez à jouer avec d'autres musiciens ? Ou attendez-vous qu'on vous le propose ?

Sachiko M : Je pense qu'il n'est pas si facile de jouer avec moi. Mon style est assez droit, rectiligne. Il ne change jamais. Je joue juste ma propre musique quoi qu'il advienne. Il m'arrive donc de décliner certaines invitations de la part d'autres artistes, lorsque je sens qu'il pourrait être trop difficile de collaborer avec. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, je préfère généralement jouer seule, je n'ai pas besoin d'autres sons extérieurs. Bien sûr je peux prendre également du plaisir à jouer avec les autres, mais j'ai cette habitude de toujours dire non d'abord (rires).

Vous acceptez plus volontiers lorsque ces invitations proviennent d'amis ?

Sachiko M : Non pas spécialement. Ça dépend en fait.

D'accord. Nous vous remercions beaucoup de nous avoir accorder un peu de votre temps libre pour cette entrevue.

Sachiko M : Merci.

JaME tient à remercier Laure de Lestrange, attachée de presse du GRM, et bien entendu Sachiko M pour sa gentillesse et sa disponibilité.