Mercredi 25 mars
Seconde journée de l'Expérience Japonaise et cette fois-ci, la programmation est bien plus éclectique que précédemment. En première partie de soirée, nous retrouvons
Yoshida Tatsuya et son
Ruins Alone, suivi par le spectacle de danses des cinq folles du
Project Oh!Yama, avant de terminer en douceur avec
Kicell, qui nous bercera à partir de 22h.
Ruins Alone
À 20h, rendez-vous au Théâtre de Nîmes pour un pur moment de jouissance avec
Ruins Alone, le projet solo de
Yoshida Tatsuya. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, il s'agit-là du batteur et fondateur du label
Megaibutsu, très reconnu dans la scène psychédélique/expérimentale japonaise. Seul avec sa batterie, accompagné d'une bande enregistrée, il transcendera littéralement l'âme de toutes les personnes présentes de sa terrifiante musique, rapide et experte. Véritable monstre tentaculaire et polyrythmique,
Yoshida Tatsuya désynchronise chacun de ses membres pour tisser des sons difficiles et complets, sans aucun temps mort. Il interprétera même pour le plus grand plaisir de nos oreilles (et de nos yeux, cela va de soit, car c'est un spectacle tout simplement hallucinant que de voir le monsieur frapper à toute vitesse sur ses fûts avec une telle puissance) le
Classical music medley sorti de ses cartons. Un mélange d'un peu plus de 26 musiques classiques, connues et reconnues par tous, interprété en moins de deux minutes.
Totalement déchaîné, il n'hésitera pas à poser son chant au langage inventé - à l'instar de
Magma dont il est influencé - à plusieurs reprises, pour nous prouver encore une fois qu'il n'est pas seulement à l'aise avec sa batterie. Un show vraiment ébouriffant que beaucoup auront du mal à supporter dans la salle mais qui plaît aux nombreux amateurs de solo de batterie vifs, tranchants et hallucinés. Ce que nous offre ce soir
Yoshida Tatsuya fait vraiment honneur à sa réputation. Rythmes syncopées et matraquages de cymbales étant de mise. Une expérience ahurissante, influencé par le rock progressif, le zeuhl ou le punk,
Yoshida Tatsuya est à lui seul un orchestre d'une vingtaine de musiciens. Du grand art qui pendant à peu près une heure nous permettra de nous rapprocher un peu plus du cosmos et nous transportera dans un autre univers où toutes les formes se confondent dans une seconde de délire.
Project Oh!Yama
Second à passer, il s'agit du
Project Oh!Yama, groupe de cinq jeunes danseuses qui mettent leur corps et leur esprit au service de la danse. Les danseuses offrent ainsi au public un spectacle décomplexé et sensuel rempli d'humour où les corps sont exposés au regard de tous, sans gêne ni honte. Un peu à l'instar d'un spectacle de fin d'année, cette bande de copines ne cherche pas à impressionner par des techniques très recherchées, sans superflu. Vêtues le plus sobrement du monde, elles enchaînent alors les cabrioles et les scènes pleines d'un humour naïf et éthéré. Privilégiant ainsi la spontanéité du geste aux chorégraphies sans saveur, quelques erreurs ou fautes de synchronisme peuvent être notées mais rien qui ne saurait vraiment perturber le spectacle qu'elles nous offrent là avec leurs danses vives et directes. On retiendra notamment leurs danses robotiques ou leurs poses graciles et sensuelles.
L'impact du jeu d'ombres et de lumières, mêlé à leurs danses décadentes et folles brouille notre esprit et nous laisse un peu dans le brouillard quant à ce que l'on doit vraiment ressentir face à leur spectacle. C'est fort et leur but est finalement atteint lorsqu'elles se retirent de la scène sous des applaudissement qui ne s'arrêtent plus. Avec une mise en scène vive, fraîche et parfois même très drôle, elles sont sûres d'avoir plus ce soir au Théâtre de Nîmes, lieu se prêtant parfaitement à leur spectacle moderne, expressif et épuré.
Kicell
22h sonne alors. Direction l'Odéon pour le dernier concert de la soirée. Après avoir commencé dans l'excès avec
Ruins Alone et
Project Oh!Yama, nous allons terminer avec une touche d'amertume avec
Kicell, trio composé des deux frères
Tsujimura :
Tomoharu et
Takefumi, ainsi que
Emerson Kitamura, qui n'accompagne pas toujours le groupe lors de ses concerts, mais qui a pris un peu de son précieux temps pour venir nous rendre visite en France. Dans cet univers profond et onirique, nous allons découvrir leur monde qui se situe aux frontières de la tristesse et de la beauté. Guitare en mains, le grand frère fait trembler les accords, accompagné de son petit frère à la basse, enveloppé dans une musique atmosphérique mélancolique et brumeuse que nous offre
Emerson.
La voix de
Takefumi fait frissonner, entonnant avec douceur et légèreté des textes surréalistes. On est transporté dans un rêve qui n'en finit plus, le décor se plante peu à peu et l'on est conquis par la fragilité et l'élégance que dégagent les deux voix conjuguées. Entre rêves et cauchemars réels, leurs mélodies tissent un monde formidable et fantasque. Un voyage dans une pop embrumée dans ses propre rêves, mélancolique et nostalgique, qui éveille nos sens et notre esprit, nous faisant ainsi réfléchir au monde dans lequel nous évoluons, délicat ou cruel. Une musique légère, jouée du bout des doigts, un équilibre vocal tiré de la complicité des deux frères berce le public en douceur et le transporte dans un monde de tristesse. Ce soir, de nombreux morceaux issus de leur dernier mini-album,
magic hour, seront joués et
Tomoharu lâchera même à plusieurs reprises sa basse pour nous jouer de la scie musicale, instrument peu commun qui peut aisément remplacer le synthé, grâce à des sonorité claires et imprécises.
Le trio fonctionne à merveille et l'on reste bouche bée devant tant de sentiments mis en avant. C'est sous un tonnerre d'applaudissements qu'il nous quittera après un rappel d'une poignée de morceaux. Un concert vraiment fantastique où tristesse, mélancolie et délicatesse ne font plus qu'un, où chacun des membres fait corps avec son instrument. Une pop toute en douceur, enveloppée dans une fine couche de musique atmosphérique et brumeuse.
Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.