Vendredi 27 mars
Avant-dernière journée du festival l'Expérience Japonaise et déjà la tristesse peut se lire sur nos visages. Allons donc, cela ne va tout de même pas nous empêcher de passer une excellente soirée avec une programmation des plus "exquises"... Quoi que.
Erina Koyama
Erina Koyama et son groupe est la première à passer ce soir, son concert devait avoir lieu au Théâtre de Nîmes, mais c'est finalement à l'Odéon qu'il prendra place. Il est 20h, tout le monde s'installe dans la salle, les lumières se baissent peu à peu pour créer une ambiance des plus intimistes. Lorsque les trois musiciens rentrent sur scène, pour qui ne les connaît pas vraiment, il sera difficile d'imaginer le genre dans lequel ils opèrent. Les premières notes de guitares résonnent dans la salle,
Erina se met à susurrer quelques paroles et l'on comprend alors plus facilement pourquoi
Ryuichi Sakamoto s'est épris de sa musique et lui a permis de lancer sa carrière. Douce harmonie entre les différents instruments, fusion divine de la harpe, de la guitare, et de la sublime voix d'
Erina. Un voyage entre musiques ethniques, flamenco, jazz et pop avec un chant tantôt en anglais, tantôt en japonais.
Un métissage des genres soigné et chargé en émotions que le chant d'
Erina sublime de sa voix suave, douce et murmurée. Le guitariste est quant à lui assez déconcertant. Au début du concert, plusieurs fausses notes sont jouées ; on le regarde alors d'un drôle d'oeil avant de s'apercevoir que finalement l'ensemble est totalement maîtrisé, et se veut volontairement maladroit pour faire briller la musique d'un nouvel éclat. La harpiste
Sayaka Hirose tâtera de son bodhran (sorte de tambourin irlandais) à plusieurs reprises pour nous emmener encore plus loin dans l'univers doux et raffiné du groupe. Un moment de plaisir intense qui nous bercera tout du long. Dès la fin de la prestation, le public en redemandera bien évidemment et le groupe s'exécutera, sous une pluie incessante d'applaudissements, pour deux nouveaux morceaux.
Maruosa
Après cette belle touche de poésie et une attente d'un peu moins d'une heure, on a du mal à croire que l'artiste suivant n'est autre que...
Maruosa, que beaucoup avaient déjà découvert lors de la tournée Osaka Invasion en juillet dernier. C'est donc avec une certaine excitation (et une très grande joie) que nous attendons son arrivée, qu'il mette le feu à la salle ! On n'attendait plus que ça depuis le début du festival. Et pour une fois, ce drôle de zigoto débutera son concert, non pas dans la folie, mais dans le calme et l'allégresse (bon, tout de même pas), avec une entrée digne de Jésus lui-même. Sur fond de musique céleste, il tournera le dos au public (en prenant bien soin de détacher sa longue chevelure) et restera immobile quelques instants, tandis que les enceintes se mettent à beugler "Hallelujah" de tous les côtés. Notre sauveur est arrivé !
Mais le repos est de bien courte durée, car tout de suite il enchaîne sur une musique dite "de fous" pour certains. Musique folle, peut-être, mais de fous, non ! C'est en remuant ses cheveux dans tous les sens que l'on apprécie le spectacle qui défile sous nos yeux à une vitesse complètement dingue, sans aucun temps mort. Tout s'enchaîne très rapidement et c'est en une trentaine de minutes que
Maruosa expédiera pratiquement tout son répertoire. Eh oui, avec des morceaux d'une ou deux minutes, cela va très vite ! Pas le temps de souffler, quelques acclamations et
Maruosa reprend de plus belle, hurlant comme un dément sur sa musique cybergrindesque et breakcore.
Maruosa saute dans tous les sens, se roule par terre, n'hésite pas à mettre ses pieds sur les retours. C'est avec bonheur qu'on le suit en s'épuisant dans la fosse, où tout le monde n'est plus vraiment spectateur mais vraiment acteur du concert de ce soir, créant ainsi une masse informe devant la scène. Du bonheur à l'état pur, malheureusement éphémère, que chacun saura apprécier à sa façon. Un show hallucinant et démentiel que l'on souhaiterait voir un peu plus souvent !
De De Mouse
C'est plein de sueur que l'on attend déjà avec impatience l'arrivée du prochain artiste, à savoir
De De Mouse. L'on ne sait pas trop là non plus à quoi s'attendre avec le petit bonhomme qui débarque sur scène. On se rend bien vite compte qu'il s'agit là d'un véritable excité des platines et du synthé, qui a déjà sorti un album chez Avex et qui connaît un fort succès chez nos amis nippons. Car oui,
De De Mouse n'a sorti son premier CD qu'en 2006 et il a déjà signé chez une major. Son set d'un peu plus d'une heure en fera transpirer beaucoup dans la fosse, eux aussi totalement excités par cet hurluberlu qui ne cessera d'enflammer la salle de ses remixes se voulant nostalgiques. Il reprendra plusieurs morceaux rock, pop, disco ou plus traditionnels bien connus au Japon pour en faire quelque chose de plus dansant et délirant.
L'animal ne fera bien sûr pas que tourner ses disques, il triturera son clavier pour incorporer dans les différents titres des arrangements très chics et mélodiques. On retiendra au début de son show son excitation transmissible, ses "sushi, sushi !" ou ses "geishaaaa !" lancés à tout va, ou encore ses "I am ninja !" à chaque début de chanson. Un spectacle jouissif et ô combien agréable. Même les plus récalcitrants à l'electro-dance acide peuvent tomber sous le charme de
De De Mouse, qui nous accordera à la fin du concert un petit rap bien dosé ! En bref, quelques passages vraiment "hardcore" comme il le dit si bien, le tout dans une ambiance folle où tout le monde se trémousse sur la piste de danse. La fin du festival va être grandiose si les derniers artistes à passer sont du même acabit, c'est une certitude. C'est tout agités que l'on prend le chemin de la sortie pour rentrer chez soi, tout transpirant avec des sons pleins les oreilles.
Pour plus d'informations concernant les artistes du Lex, n'hésitez pas à consulter le site de Sonore ici.