L'artiste sort son premier single aux Etats-Unis.
Depuis bien longtemps la renommée de BoA n'est plus à faire. Cette Coréenne a fait de son empire son propre pays, et l'a étendu à bien de ses voisins. A bientôt dix ans des débuts de sa carrière, elle s'attaque désormais au marché international. Pour ce faire, elle sort un single digital qui offre la toile entière comme domaine d'expansion, et qui fait partie des téléchargements légaux de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis. Elle y fait aujourd'hui des pieds et des mains pour se faire une place parmi les géantes de l'Amérique, pour se promouvoir afin de se faire connaître. Eat you up constitue donc un des tournants les plus importants de la carrière de la chanteuse.
Premières notes, premiers rythmes : puissants, électroniques, ils marquent avec force une introduction courte, mais efficace. BoA fait alors entendre une voix saccadée dans laquelle quelques modifications sont audibles, sur un thème rythmique répétitif. L'auditeur risque de se trouver surpris, voire un peu déçu, mais la mélodie s'ancre rapidement dans l'esprit et étonne également par sa complexité. Le refrain, bien qu'un peu long, est d'une envergure de la même sorte, si ce n'est mieux : l'accompagnement prend de l'ampleur, et permet des ornements des plus intéressants. Et en effet, vers le milieu du titre, la chanteuse nous offre une nouvelle tonalité, plus joueuse, plus réelle, plus audacieuse. Un passage phare impressionnant et entraînant, qui offre un avant-goût de ce que sont les capacités vocales de la jeune coréenne. Il caractérise précisément l'intérêt de l'unique piste du single, et noie dans ses notes ce qu'il reste de la chanson. Cette dernière, répétitive, n'apporte une valeur que dans une optique de musique électronique, malgré une fin relativement bien menée.
En outre, comme tout bon titre international, Eat you up est doté de deux clips différents : une version A, américaine, et une version B, coréenne. Aussi étonnant que cela puisse être, la première version est des plus décevantes, dérisoires même, pour une campagne à visée américaine. Décors fictifs déserts, ridicules, style vestimentaire presque ringard, rouge à lèvres d'une belle couleur saumon, chorégraphie impossible à décrypter : il est à se demander à quoi jouait la production en mettant en ligne un canular pareil. La musique pourtant pleine de potentiel prend une tonalité cocasse de plaisanterie à grande échelle, et il n'est guère étonnant que la majorité des auditeurs préfèrent la version B à cette véritable catastrophe.
Et en effet, la version coréenne présente des arguments beaucoup plus crédibles et plus frappants. Avec un scénario lisible, un esthétisme beaucoup plus présent, des chorégraphies mises en avant et un véritable décor, ce clip est sans aucun doute des deux versions celui qui sera le plus apprécié. Néanmoins, il est clair que la production coréenne connaissait d'avantage le personnage de BoA que l'équipe pourtant prestigieuse sélectionnée pour la version américaine. (Cest donc avec quelque mesure que lon prendra compte de l'échec de cette dernière.)
Eat you up est donc un titre international quelque peu décevant pour les objectifs qu'il se donne, notamment par le nombre, unique, de chansons qu'il offre pour un premier single vers les États-Unis. Cependant, il en reste une écoute de qualité qui ravira sans doute de nombreux auditeurs. Ainsi, malgré l'image, le son plaît, et il s'agit d'un véritable pas pour BoA.