Critique du dernier album en date du duo électronique à l'occasion de leur interview sur KoME.
La scène électronique coréenne n'est pas encore extrêmement reconnue, que ce soit à l'étranger, et même sur son propre territoire et seuls quelques grands noms comme Clazziquai (pour ne citer que le plus connu) ont réussi à obtenir les faveurs d'un public en général plus tourné vers une pop commerciale. Pourtant, Casker se place parmi les dignes représentants d'une scène musicale électronique en pleine ébullition, et qui mérite qu'on en parle.
Polyester Heart est décrit par le groupe lui-même comme étant « l'album le plus naturel et le plus doux qu'il ait jamais sorti ». Il est clair que le disque est vraiment d'une grande simplicité, sans prétention. Il suffit de voir la pochette de l'album pour en voir une première preuve puisque seul le nom du groupe est inscrit en couleur bleu ciel sur un fond blanc, et le titre de l'album est écrit en tout petit en bas de la jaquette.
Puis il faut écouter l'ensemble pour se rendre compte de la simplicité de la musique : pas de gros effets électroniques, pas de grandiloquence musicale. Juste un disque sans prétention mais efficace. Il suffit par exemple de se pencher sur les premières pistes. D'abord Yeok gwang , une intro musicale légère, sombre et lumineuse à la fois, qui se place déjà comme une bonne entrée en matière. Puis Bichuisigan ou encore You, deux pistes électro-pop aux mélodies légères et efficaces, et aux gimmicks accrocheurs sur lesquelles la voix de Lee Yungjin, calme et posée confère un côté doux et reposant. Et cette atmosphère calme s'accentue avec Chitsol, où le rythme est plus lent et le cadre plus intimiste et plaisant.
Plus rythmées, Teum et Adrenaline sont des pistes aux mélodies efficaces, et même si Yungjin ne pousse pas au niveau vocal, cela ne gâche en aucun cas leur dynamique. Les arrangements sont bien placés, et le son en général est bon sans être véritablement marquant. D'ailleurs, malgré le flot de bonnes pistes, il y a des chansons qui, sans être mauvaises -elles sont même agréables à l'écoute-, ne sont vraiment pas marquantes, pas indispensables à l'album. C'est le cas de pistes comme Bingbing piste lounge, un peu quelconque, et pas inoubliable, Manyage hokssi, ballade banale qui s'écoute mais ne se retient pas et Amudo moreunda qui, malgré son côté un peu guilleret et mélancolique à la fois, est à un niveau en deçà des perles du CD.
Résumer cet album à un simple disque d'électronique-pop est un tort car la palette des styles proposée est large et les instruments utilisés ne se résument pas au synthétiseur, bien loin de là. Il y a en effet plusieurs instruments de musique plus « naturels » dirons-nous qui apparaissent tout au long du CD, rabaissant presque le synthétiseur au rang de simple figurant. C'est le cas par exemple de Bimil, piste au début au style lounge, comme celles que l'on pourrait entendre dans des bars d'hôtels ou des cabarets. Mais soudainement, une guitare et un piano annoncent une couleur plus rythmée, plus dansante. Certainement l'une des meilleures pistes de l'album avec bien d'autres pistes telles que 2wol, une ballade mélancolique où la voix de la chanteuse, plus nuancée, plus poussée dans les aigus est un véritable délice à l'écoute. N'oublions pas l'interlude tango intitulée I myeong, véritable petit bijou instrumental durant laquelle on a l'impression de voir se dérouler une véritable histoire, une passion dévorante entre un homme et une femme, se murmurant des mots sur une musique marquante avec quelques incursions électroniques occasionnelles.
Plus groovy, Neoreul sakjje est une piste soul, classe et séduisante où Yungjin cède sa place à Ha Dong Hyun. Et on peut dire que le mélange prend bien ! La chanson colle parfaitement à la tessiture grave et chaleureuse du membre de WANTED.
Et comment ne pas parler de Polyester Heart sans même évoquer la chanson titre ? Polyester est d'abord précédée par un prélude musical au piano intitulé Neowa na. Sombre et triste, classique mais presque entêtant avec la petite voix de Lee Yungjin et des choeurs bien placés. Puis, elle laisse très soudainement place à l'ambiance complètement différente de Polyester, où le synthétiseur prend ses droits. Le rythme diffère selon le moment de la chanson, elle est tantôt lente dans les couplets, tantôt rapide dans les refrains. Une chanson vraiment agréable à l'écoute, qui laisse place à l'imagination de l'auditeur. Une vraie réussite.
Et alors que l'on pourrait penser que le disque se clôture par cette chanson, Casker nous gratifie d'une piste cachée intitulée Goyangiwa na Part 2 (Live ver.). Le début est calme, au style lounge et véritablement relaxant. Puis tout à coup, on passe à une ambiance plus dansante, donnant envie à l'auditeur de fredonner les paroles de la chanson. Mention au violon du refrain qui lui donne une véritable identité. Quelle belle manière que de terminer l'écoute sur cette piste pleine d'optimisme !
Malgré quelques petits bémols, ils ne valent rien en comparaison du potentiel général de l'album qui est homogène et agréable à l'écoute, le travail donné par Lee Junho et Lee Yungjin étant propre et soigné. Quelques petites perles comme Bimil, 2wol ou encore la piste bonus Goyangiwa na, pour vraiment n'en citer que quelques uns, valent vraiment d'être écoutées, ne serait-ce qu'une fois. Polyester Heart est donc une bonne entrée en matière pour toute personne qui souhaite découvrir Casker, un duo électronique qui vaut vraiment le détour.