Gothic metal made in Korea.
Si vous êtes familiers avec le terme "gothic metal", vous n'êtes sûrement pas sans savoir qu'on retrouve un nombre incalculable de groupes derrière cette étiquette. Il y a vraiment l'embarras du choix, comme on dit. Et, bien sûr, on ne peut pas dire que tout soit génial, loin de là. Alors, qu'en est-il pour GAIA? Est-ce un groupe sans aucune originalité, noyé dans la masse? Eh bien, pas tout à fait.
Certes, on retrouve sur ce 1er album paru fin 2004 de nombreux éléments communs à une multitude d'autres groupes du genre : alternance voix masculine/voix féminine, un chanteur pas spécialement impressionnant qui essaye de varier son chant comme il peut (genre un coup je fais ma grosse voix agressive, un coup je me la joue "gars sensuel" en murmurant), des claviers assez présents, des compos à la structure non-linéaire alternant passages rapides et moments d'accalmie... Bref, si on s'arrêtait là, rien ne justifierait l'achat de ce disque en particulier, GAIA ne serait qu'un groupe de gothic metal parmi tant d'autres.
Seulement voilà, GAIA ce n'est pas QUE ça. Là où le groupe se distingue, c'est en tirant profit de ses origines. En effet, GAIA est un groupe de gothic metal CORÉEN et les membres du groupe n'en sont pas peu fiers, semble-t-il. Ainsi, en plus des instruments "classiques" habituellement utilisés dans le genre (guitare, basse, batterie, piano, violon...), on retrouve également dans la musique de GAIA des instruments traditionnels coréens comme le haegum, le gayagum ou bien encore le daegum. Loin d'être utilisés comme de simples "gadgets", ceux-ci jouent un rôle important dans les compos du groupe. On retrouve même parfois cette influence de la culture traditionnelle au niveau des voix, comme sur Elegy. Vous l'aurez compris, cela apporte à l'album une certaine originalité ainsi qu'une richesse non négligeable.
On notera par ailleurs que certains passages plus ou moins longs, voire des morceaux entiers, ne comportent aucun élément "metal". Le superbe The Doll, par exemple, a tous les atouts pour séduire un large public : une mélodie qui respire la délicatesse, une jolie voix féminine, l'alliance subtile du piano, du violon et du haegum, une production claire et efficace (ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas sur d'autres titres)... Si certains regretteront probablement que tout l'album ne soit pas dans la même veine, d'un autre côté, on peut aussi saluer cette démarche du groupe visant à proposer des compositions assez variés.
Parmi les autres titres marquants de cet album, on citera par exemple Rain and Your Story, excellente reprise du légendaire groupe de rock coréen Boohwal qui conclue l'album en beauté. Ce n'est d'ailleurs pas la seule reprise de cet album puisque GAIA nous propose également sa version de The Human Abstract, titre signé à l'origine par le groupe norvégien The Kovenant. Un choix qui peut surprendre, mais qui a le mérite d'apporter encore un peu plus de diversité à l'album (le morceau incorporant, entre autres, quelques sonorités électroniques).
Même si cela pourra paraître "futile" pour certains (après tout, il est vrai que le principal c'est la musique), il faut également signaler que le packaging a été particulièrement soigné. Le digipak est en effet assez beau, de même que le livret qui l'accompagne. Bien sûr, les habitués ne manqueront pas de faire remarquer que c'est souvent le cas avec ce genre de musique où les visuels des albums ont souvent un côté esthétique assez développé (et, malheureusement, le contenu n'est pas toujours à la hauteur du contenant mais ça c'est une autre histoire...).
En conclusion, si NOSTALGIA est loin d'être un album parfait, il regorge cependant de bonnes idées qui le font sortir du lot. Que vous soyez amateurs du genre ou à la recherche d'un groupe coréen plus original que la moyenne, ce 1er album de GAIA mérite amplement que vous vous penchiez dessus. Et puis, au prix où sont vendus les CD coréens, pourquoi se priver?