Le festival
SOUL REBEL entrait dans sa dixième année d'existence le 11 octobre dernier. En effet, c'est en 2000 que celui-ci était lancé par la société
OVERHEAT MUSIC : label, management d'artistes (
MOOMIN,
PUSHIM,
H-MAN), studios mais également éditeur du mensuel
Riddim MAGAZINE, référence dans la scène reggae nippone. Organisé chaque automne à Tôkyô, l'évènement s'est installé dans le parc d'Hibiya depuis cette année là, en plein milieu des buildings gouvernementaux. Voilà de quoi prôner des valeurs bien roots, avec une ambiance en plein air dans un coin de verdure perdu au milieu des blocs de béton armé. Mais avant de pénétrer dans l'enceinte du hall musical d'Hibiya, ce sont les senteurs émanant des vendeurs de takoyaki et autres yakisoba qui envoûtent les visiteurs. Devant l'enceinte, ces derniers organisent une file d'attente au milieu des stands de bière que certains auront largement mis à contribution avant de pénétrer dans les lieux. Le hall d'Hibiya est en forme d'amphithéâtre et la scène est parée d'un large drap aux couleurs du festival ; des couleurs identiques à celles du drapeau rastafari. Chose surprenante pour un spectateur étranger, les japonais viennent parfois en famille, avec des glacières pleines de boissons et de casse-croûtes. Se mêlent alors jeunes (parfois même très jeunes) et moins jeunes dans ce qui prend rapidement des airs de grande fête. Sur l'ambiance, le festival tient bien ses promesses. La programmation laissait également présager du très bon son puisque les meilleurs artistes de l'archipel prenaient part à cette grande réunion. Maintenant, place au show !
SOUL REBEL Part 1 :
Mais avant que le concert ne commence véritablement, le sound
HUMAN CREST anime le festival pendant que les spectateurs prennent place. Il faudra attendre encore quelques minutes pour que le show ne démarre avec, en support band, la formation
ALPS BAND. Moins connus que leurs homologues
HOME GROWN, et bien qu'étant un peu en dessous de ces derniers, les musiciens livrent une très bonne prestation tout au long de la première partie. Cette dernière est destinée à des artistes moins connus parmi lesquels on retrouve tout d'abord
Akane qui sortait son second album
Straighter en août dernier. Son
Dancehall Head, single promotionnel, est plutôt bien accueilli par le public. Cependant, la belle ne restera pas longtemps sur scène puisque c'est une autre chanteuse qui prend place en la personne de
MISON-B, venue d'Osaka. Sa voix assez puissante est une surprise. Elle forme pendant quelques minutes un duo intéressant avec
Apollo, autre jeune artiste d'Osaka très prometteur. Mais le clou de cette première partie est un trio masculin qui répond au nom de l'
Ent Deal League. Cette collaboration se compose de trois artistes qui ont fait leurs preuves dans le milieu dancehall nippon. Il s'agit de
Micky Rich,
DOMINO-KAT et
KEN-U qui viennent tout juste de sortir leur second album ;
ABCDEnt. Les deux premiers ont un style ragga que
KEN-U vient compléter de son flow reggae. C'est le premier instant fort du festival et l'ambiance commence à monter. La première partie se conclut alors avec le sound
TAXI HI-FI qui fait un mix en hommage à
Steely (
Wycliffe Johnson de son vrai nom), grand producteur de reggae connu pour son duo
Steely & Clevie. Ainsi s'achève une première partie de show composée d'artistes plus jeunes ou moins prestigieux et dont les carrières restent à écrire. C'est maintenant à la crème de la scène reggae japonaise de faire le spectacle !
SOUL REBEL Part 2 :
Et c'est à ce moment que l'on sent enfin le gros son arriver. En effet, le groupe
HOME GROWN s'installe et
Tanco, leader de la formation, fait vibrer ses cordes de basse.
HOME GROWN est un nom prestigieux que tout amateur de reggae japonais connaît forcément. Comme l'on pouvait s'en douter, la prestation du groupe sera tout simplement sans reproche. Pour ceux qui ne connaissent pas,
HOME G est composé de cinq membres :
Tanco (leader, basse),
I-Watch (guitare),
Mama-R (clavier),
Shinji Man (percussion) et
Yukky (batterie). Présente dans de nombreux concerts et festivals en tant que support band, et donc capable d'enchaîner un nombre incroyable de morceaux, la formation
HOME G est une véritable perle. La première performance de ces musiciens accompagne
Rankin Taxi, sorte de Carlos du reggae japonais qui emporte les spectateurs dans une certaine hilarité. Malgré un son assez mauvais, vous pouvez retrouver quelques prestations de cet artiste totalement décalé sur le
channel Youtube ROLMUSIC.
Rankin Taxi déborde d'énergie mais il doit laisser place à
CHEHON, artiste d'Osaka, dont le flow est reconnaissable entre milles. Avec ses hits populaires, le succès est au rendez-vous. Vient le tour de
NANJAMAN et sa voix gutturale, puis
SUPER CRISS de
FIREBALL en invité surprise. Ce dernier n'était pas prévu sur la liste d'invités, mais la popularité de
FIREBALL assure au chanteur le plus bel accueil qu'il soit. Avec sa classe habituelle,
Criss enchaîne deux ou trois morceaux avant que
MIGHTY JAM ROCK, le trio d'Osaka, n'arrive sur scène pour mettre le feu. Car oui
MIGHTY JAM ROCK ça déménage en live. "Les trois mousquetaires" (
The three musketeers, titre de leur dernier album sorti en juillet) offrent de purs moments Dancehall et occupent la scène avec brio.
JUMBO MAATCH,
TAKAFIN et
BOXER KID déroulent alors que la nuit commence à tomber sur Hibiya.
RUDEBWOY FACE fait alors son entrée et se fait rejoindre par
NG HEAD, le virevoltant DJ d'Osaka, connu pour sa pèche, son style ragga et ses clashs de qualité. Après leur prestation, les deux artistes retournent en back stage et
H-MAN prend possession de la scène. Figure emblématique du reggae japonais, celui-ci est souvent entré en clash avec
NG HEAD : des épisodes restés mythiques dans l'esprit des amateurs de reggae japonais. Mais malgré cela,
H-MAN est un homme sobre : il suffit de l'apercevoir en dehors de ses prestations, visage serein, cigare à la bouche et allure robuste, pour comprendre toute la maîtrise qui émane de cette personne. Celui-ci déballe son flow rapide comme sur
Futaiten ou sur
Dangan Tooku où il simule le son d'une mitraillette.
Mais
SOUL REBEL entre bientôt dans sa dernière phase avec
MOOMIN. Le chanteur installe une ambiance posée par sa musique « love » et sa voix plus chaude qui contraste avec les artistes précédents. Le public entre en communion avec
MOOMIN, au milieu d'une multitude de bulles de savon produites depuis la scène. C'est peut-être l'une des plus belles images du festival, marquée par un sentiment d'unité entre spectateurs et artistes. Le chanteur fera aussi une collaboration avec
Youngshim et
NG HEAD sur le morceau
Day by Day. C'est alors au tour d'un artiste que
MOOMIN connaît bien puisqu'il s'agit de
RYO the SKYWALKER. Les deux hommes partageront d'ailleurs la scène le temps de
More Than Friend, titre issu du dernier album
Love-a-Dub Showcase. Tiré de ce même album,
RYO interprètera aussi son titre
Koko ni aru ima wo tomo ni aruki dasou aux valeurs universelles, tout comme
EVERGREEN, l'un des plus beaux morceaux du DJ. Cette fin de festival est une véritable réussite avec une set-list cohérente plus orientée reggae que dancehall. Mais malheureusement la fin approche à grands pas avec la Reine du Dancehall japonais en la personne de
PUSHIM. La voix de la Reine est impressionnante de technicité. Elle résonne dans l'enceinte du parc d'Hibiya et laisse sans voix de nombreux spectateurs lors d'un a capella qui prend au coeur. Elle jouera aussi avec l'unité
C.A.M.P dont les initiales correspondent respectivement à
CRISS (
FIREBALL),
Akane,
MOOMIN et
PUSHIM. Ils interprèteront ensembles
Rock di Camp avec une joie toute particulière.
C'est ainsi que se terminent les prestations solos des artistes qui, pour clôturer cette 10e édition de
SOUL REBEL, se rassemblent tous sur scène pour former cette grande famille que constitue la scène reggae japonaise ; surement l'une des scènes les plus vivantes au Japon à l'heure actuelle.
JaME tient à remercier OVERHEAT MUSIC et le festival SOUL REBEL pour cette invitation.
Crédits photos : OVERHEAT MUSIC, HIROTO"PHOTOWARRIOR"SAKAGUCHI