Clazziquai - Mucho Punk

Clazziquai fête cette année les huit ans de sa formation. De simple projet à la base, elle est devenue aujourd'hui l'un des groupes les plus appréciés de la scène musicale coréenne, que ce soit en Corée ou à l'étranger. Et on peut dire que depuis leurs débuts, leur évolution musicale est indéniable. Des racines électro/jazz/bossa nova de Instant Pig qui ont fait leur succès et leur originalité dans le paysage musical coréen, il ne reste quasiment plus que la première influence. Cependant, dire aujourd'hui que Clazziquai n'est plus qu'un simple groupe de musique électronique serait erronné et réducteur à la fois. Certes, ils n'ont rien sorti de véritablement intéressant ni d'original depuis Color of Your Soul en 2006. Mais Mucho punk fait office de claque dans la figure. Et pas une simple petite baffe de rien du tout. Imaginez le catcheur mexicain qui orne la pochette du disque vous en coller une, et vous comprendrez votre douleur.

Instant Pig, leur premier opus était un concentré de musique électronique que l'on pouvait typer en tant que musique indépendante. Mucho Punk est, quant à lui, un album plus grand public. Les snobs ne jurant que par la musique indépendante ou les fans de la première heure diront alors qu'ils sont entrés dans le moule, ou qu'ils sont désormais aseptisés et qu'ils ne sont donc plus intéressants. Ce qui n'est pas faux mais la musique dite aseptisée est-elle forcément mauvaise ? Certainement pas. Et puis Mucho Punk n'est certainement pas le résultat de pressions de label afin d'atteindre des objectifs de vente. C'est tout simplement dû à une évolution naturelle, et à l'envie de ne pas refaire la même chose, de ne pas tourner autour des mêmes influences, de voir ailleurs. Clazziquai se renouvelle, et on ne boudera pas son plaisir devant cet album qui est une invitation au voyage à travers de multiples ambiances. Du combo sexy et provoquant formé par Kiss Kiss Kiss et Love Again, deux tubes estivaux en puissance taillés pour les clubs, à l'atmosphère sensuelle et mélancolique de Sarangkkeute, en passant par l'ambiance mignonne et attachante de Wizard of OZ, on en a pour tous les goûts dans cet album.

Mais LA chanson de l'album est très certainement The Road, piste à la composition légère et aérienne sur laquelle la voix fluide et émouvante d'Alex ainsi que les choeurs de Horan sont porteurs de frissons. Et que dire du climax, où les envolées lyriques d'Alex se mêlent au chant murmuré, comme un soupir de Horan. Rien, mis à part le fait que c'est le meilleur moment de la chanson. Le rendu final est tout simplement magnifique, chargé en émotions, sans tomber dans le niais, bien au contraire. La chanson est triste et porteuse d'espoir à la fois, elle nous donne envie de sourire. L'une des must-listen de cet album et de toute la discographie de Clazziquai.

Cependant, l'initiative véritablement intéressante de cet album, c'est certainement cette envie de s'essayer à d'autres genres, parfois très éloignés de leur base électronique. C'était déjà le cas dans Love Child of The Century avec Last Tango, mais Mucho Punk regorge donc de plus pistes au son non synthétique. L'exemple le plus flagrant, Lazy Sunday Morning, est une piste...acoustique ! Exécutée avec une simple guitare acoustique, la chanson se trouve carrément aux antipodes de la musique électronique. Très éloigné de ce genre aussi, Rapunzel semble nous narrer un conte médiéval. Une jolie chanson agréable à l'écoute.

C'est donc un Clazziquai grandi et en forme olympique que nous retrouvons sur cet album aux sonorités et ambiances diverses. C'est aussi un Clazziquai plutôt surprenant, qui se trouve sur des terrains où on ne l'attend pas forcément. Cet album marque ainsi un nouveau souffle artistique dans leur carrière. La question est maintenant de savoir si cela va en être ainsi pour la suite.

Note : 8/10