De la musique sans règles, à mi-chemin entre ambiance punk et atmosphère industrielle.
Le groupe naît en 1986 et fait évoluer sa musique autour de quatre instruments : voix, synthétiseur, batterie et percussions. Peu connue en France, Boredoms est pourtant l’une des formations majeures de l’expérimental, du « noise » japonais, ayant même joué aux côtés de Sonic Youth et de Nirvana. En outre, la violence des sons et des performances du groupe lui ont valu de paraître au palmarès des formations les plus extrémistes de l'avant-garde expérimentale, le leader, Yamantaka Eye, étant réputé pour avoir détruit à la pelleteuse une scène sur laquelle il s'était produit avec son précédent groupe.
Chocolate Synthesizer est son troisième album. Sorti en 1994, il est le point culminant de sa carrière et l'a porté jusqu’aux États-Unis pour le festival Lollapalooza.
Embarquement pour un voyage d’une heure dans l’univers torturé de Boredoms.
L’entrée est rapide : l’hymne Acid Police est hurlé d’une voix rauque pendant cinq minutes et s’étoffe peu à peu de batterie, de guitare, d’électronique, de modulations et de saturations de toutes sortes.
Mais comment décrire précisément les pistes de cet album tant la quantité de sons s'y superposant les uns à la suite des autres ne suit pas un ordre logique repris d’un style musical existant, ni même inventé ? Le groupe n’a pas de règles, toutes les sonorités sont mélangées et inclassables, l’électronique joue à créer des lignes musicales instantanées avec les bruits de la vie quotidienne, le tout imprégné de violence.
Tomato Synthesizer est l’une des compositions les plus représentatives de cette cacophonie grisante : la voix d'Eye chante une mélodie accompagnée de sons presque réguliers, entrecoupée de moments anarchiques. Plus on avance, plus le rythme s’accélère, plus la voix se fatigue, plus les ambiances construites laissent place à de nouveaux environnements.
Le morceau Anarchy In the Ukk rappelle celui des chaotiques Sex Pistols et le fait apparaître comme une composition sympathique et construite selon un schéma bien défini, avec une voix claire et nette...
Boredoms, c’est un ouvrier frappant à chaque seconde sur son enclume à différents endroits, créant un son nouveau à chaque coup. Ça hurle, ça grince, ça se tait pour installer une ambiance opposée l'instant d'après, parfois drôle puis effrayante, comme dans B for Boredoms. Une « vraie musique débridée » selon Arte live web.
A l’heure où la popularité de la culture japonaise fait apparaître en Europe des groupes jusque-là inconnus, des formations originales restent dans l’ombre, dominées par des masses de groupes de J-rock fades et commerciaux. Souvent jugée comme trop spéciale, la musique de Boredoms est néanmoins à écouter au moins une fois.